Frédéric Borey - Wink
F
Fresh Sound New Talent
Ne vous y laissez pas prendre comme, je l’avoue, je l’ai fait : voir cette parution dans la collection « New Talent » du label Fresh Sound et lire le répertoire utilisé vous mènent sur une fausse piste, celle des a priori idiots qui lient les standards de Gershwin, Cole Porter ou Gene de Paul à une musique un peu dépassée dont on ne pourrait extraire plus grand-chose de neuf et de surprenant.
Quand on place la galette du saxophoniste Frédéric Borey sur la platine, on se dit qu’il y a encore des musiciens qui peuvent nous donner/offrir une lecture réjouissante, originale, étonnante de « Bess, you is my woman » ou « You don’t know what love is ». Le travail de relecture des thèmes par le saxophoniste, que ce soir sur le plan, rythmique, harmonique ou mélodique est à ce point plaisant qu’on regrette d’avoir lu les titres avant d’écouter la musique, le jeu du blindfold test eût apporté un joli moment de plaisir entre fans de standards.
« Witchcraft » (Cy Coleman) à ce jeu en égarera plus d’un. « Bess, you is my woman » débute sur un tempo quasi hypnotique avec un thème presque élidé puis s’envole sur les deux dernières minutes avec l’énergie de la batterie de Fred Pasqua. « You don’t know what love is » est mené à un tempo élevé avec une rythmique parfaite.
Car un autre attrait de l’album est la qualité des musiciens qui entourent Frédéric Borey : Michael Felberbaum à la guitare est tout aussi consistant et original que sur son album en leader « LEGO », le pianiste Leonardo Montana est une découverte tant par la sensibilité de son jeu que par la modernité de son accompagnement, Yoni Zelnik et Fred Pasqua forment une rythmique à la fois solide et impliquée tant sur tempo lent que rapide.
Je ne citerai pas tous les thèmes pour laisser à l’auditeur le plaisir de la découverte, sachez juste que l’album s’achève sur un « Boplicity » qui me ferait pencher vers la formule de « néo cool » que je verrais bien appliquée à ce saxophoniste au son chaud et moelleux.
L’album intitulé « Wink » - un clin d’œil savoureux - est paru en 2015, mais mérite une petite recherche pour se le procurer sans attendre.
© Jean-Pierre Goffin