Toine Thys invite... L'An Vert

Liège, 21 février 2020

Après Quentin Liégeois, Guillaume Vierset, Alain Deval, Sacha Toorop et Marine Horbaczewski, Toine Thys se voyait offrir une nouvelles carte blanche "duo" à l'An Vert.

Cette fois, avec Antoine Pierre, un batteur que Toine connaît bien: il a fait partie du septet Urbex (album 2016) et Antoine faisait partie de l'organ trio avec Arno Krijger (Grizzly).

Surprise, le Bruxellois a invité le contrebassiste slovène Robert Jukič, de passage en Belgique. Petit détour par le net pour découvrir que Jukič s'est d'abord essayé à la basse électrique à 15 ans, avant d'adopter la contrebasse à 19 ans et de suivre les cours de l'University for Music de Graz. Membre de l'European Movement Jazz Orchestra, fondé par le Conseil de la Musique en Allemagne, afin de réunir de jeunes musiciens allemands, portugais et slovènes (album Live in Coimbra), il a aussi croisé le saxophoniste américain Andy Middleton (vainqueur du Jazz Contest de Hoeilaert, il y a plusieurs années), la chanteuse Deborah Brown, le trompettiste Dusko Goykovitch (membre du Kenny Clark-Francy Bolland Big Band) et un certain "Twan Thys" (sic). A son nom, il a notamment enregistré Gomme de jour, avec le trompettiste Igor Motkovic.

Un musicien expérimenté donc, ce qui se confirme dès les premières notes, notamment par la vélocité de son jeu et sa sonorité "pleine".

Pour débuter le concert, histoire d'installer une bonne interaction entre les trois musiciens, le standard I hear a rhapsody joué au ténor, avec une sonorité chaude.

Suivront des compositions de Toine, comme Fly 502 joué au soprano, puis des thèmes de Jukič (comme Slam), avec un passage à la clarinette basse ombrageuse puis des compositions d'Antoine, écrites pour le concert à Flagey, avec Joshua Redman, comme Flash and blues: histoire de vérifier la vigueur d'Antoine, son  inventivité, sa recherche de sonorités neuves (avec, par exemple, de petites cymbales placées sur le charleston).

Même belle complicité entre la sonorité chaude du ténor, la rondeur de la contrebasse et la précision rythmique de la batterie au deuxième set, avec une deuxième surprise: Toine invite Robert Jeanne à le rejoindre sur scène: un  hommage pour ce saxophoniste qui a été si proche de René Thomas, figure légendaire du jazz international.

Des classiques, comme ce chamarré Saint Thomas, cher à Rollins, joué à deux ténors à l'unisson, avec de beaux chases et, au final, une coda improvisée à deux ténors sans la rythmique.

Salves d'applaudissements d'une salle comble et rappel: un dialogue clarinette basse et ténor tout en nuances pour une ballade.

Prochainement, Toine aura une carte blanche avec Fred Malempré (le percussionniste d'Urbex) et, le vendredi 3 avril, au Centre Culturel d'Ans, il proposera une formule inédite à deux guitares, avec Quentin Liégeois et Guillaume Vierset: Toine, comme son public, aime les défis.

Texte © Claude Loxhay  -  photos © Robert Hansenne