Liège, Jazz 04, au fil de l'eau 2019

Le rallye liégeois fêtait son dixième anniversaire dimanche dernier: une promenade réunissant les différentes salles "jazz" de la cité ardente.

Dès 13 h., l'Aquilone accueillait le duo complice réunissant l'accordéon charmeur de Tuur Florizoone et les percussions colorées d'Etienne Plumer (la veille, Etienne faisait chanter ses tablas en harmonie avec les guitares acoustiques d'Alain Pierre au Café du Parc).

Dernier lieu pour boucler ce rallye, le Jacques Pelzer Jazz Club qui accueillait le quintet de Fil Caporali, avec Pauline Leblond à la trompette, une formation soutenue par l'opération Ca Balance de la Province de Liège. Et, au final, une jam session.

Au cœur de cette programmation éclectique, petit focus sur les invités français.

A 15 h., dans l'auditorium de Musée de la Boverie, un duo de retrouvailles. On avait découvert l'harmoniciste Olivier Ker Ourio, aux racines à la fois réunionnaises et bretonnes, en compagnie du pianiste Pierre de Bethmann, lors d'un Jazz à Liège au Palais des Congrès.

Quant au pianiste Manuel Rocheman, les fidèles du Château d'Oupeye se rappelleront qu'il avait joué dans la salle des combles, en trio avec les frères Moutin (l'occasion d'une interview pour le magazine Jazz in Time). Des retrouvailles aussi pour le digne successeur de Toots (Ker Ourio l'a invité pour l'album A Ride with the Wind) et pour l'élève surdoué de Martial Solal puisqu'ils avaient enregistré ensemble Oversea en 2007.

Ce duo Affinitiés porte bien son nom, une parfaite complicité entre le piano lyrique et l'harmonica voltigeur, tout au long de compositions originales (Promenade de Rocheman, Sirocco de Ker Ourio), mais aussi un petit détour vers Bill Evans et notamment l'album Affinity gravé en compagnie de Toots: un hommage très intelligent. Non, Toots ne se limite pas au populaire Bluesette. Salves d'applaudissements. Les musiciens hésitent: il y a d'autres concerts mais, face à l'enthousiasme du public, ils reprennent un classique de Piaf.

A 17 h., à l'An Vert, en Outremeuse, Vincent Thekal, le fougueux saxophoniste ténor français, entouré d'Alex Gilson (le contrebassiste d'Amaury Faye) et de Franck Agulhon (le batteur cher à Eric Legnini comme à Stefano Di Battista), revisite le répertoire de son album Origami (Hypnote, 2018). La sonorité chaude du ténor déferle tel un tourbillon galvanisé par le groove fiévreux de Franck Agulhon.

Défilent ainsi des compositions originales (Saint Josse, Origami, After the storm) mais aussi des versions revisitées de grands classiques, sur des arrangements du saxophoniste: Misterioso de Monk, Juju de Wayne Shorter (morceau extrait d'un album Blue Note gravé avec la rythmique de John Coltrane) ou Windows de Chick Corea. Réelle ferveur du public et petit rappel.


P.S.: les formations du Nord du pays n'étaient pas oubliées: Don Kapot emmené par le baryton de Viktor Perdieus en Roture et Too Noisy fish avec Teun Verbruggen, au Centre culturel Les Chiroux.

Texte © Claude Loxhay  -  photos © Jean-Luc Goffinet