Yoann Loustalot-François Chesnel-Frédéric Chiffoleau-Christophe Marguet: Old and new songs
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Bruit Chic/L'Autre Distribution
On connaît bien Yoann Loustalot, notamment au travers du quartet Lucky Dog qu'il codirige avec le saxophoniste Frédéric Borey et qui viendra présenter son deuxième album, enregistré live au Pelzer Jazz Club, le 21 février prochain.
Mais le trompettiste formé aux Conservatoires de Versailles et Bordeaux poursuit également un long parcours avec le pianiste François Chesnel qui a étudié au Conservatoire de Caen. Se sont ainsi succédé les albums Kurt Weil Project, Derniers reflets en 2012 et, en 2015, Pièces en forme de flocons enregistré en trio.
Voici les deux compères en quartet avec deux musiciens expérimentés.
A la contrebasse, Frédéric Chiffoleau qui a fait partie de Jus de Bocse, la formation déjantée de Médéric Collignon, du quintet de Sébastien Texier (Toxic Parasites), de Stringed du saxophoniste Alban Darche et du X'Tet de Bruno Régnier.
A la batterie, Christophe Marguet, l'un des percussionnistes les plus en vue de la scène française: membre du Strada Sextet d'Henri Texier, du trio de Sébastien Texier, du quartet de Géraldine Laurent, de Spirit Dance qu'il codirige avec Yves Rousseau et leader de plusieurs formations, comme ce sextet mémorable à deux guitares -Philippe Deschepper et Olivier Benoît-, avec Michel Massot (tuba), Alain Vankenhove (tp) et Daunik Lazro (as).
Pour ce Old and new songs, pas de compositions originales (si l'on excepte l'impro-solo, Old and new drums, de Christophe Marguet), mais un florilège colorés de "chansons" choisies à travers les âges et les pays, ou comment le jazz peut s'approprier n'importe quelle mélodie au travers d'une volonté d'improvisation. Des traditionnels français (La belle s'en va au jardin des amours), italiens (La Romanella), russes (Mellan branta stränder) ou japonais (Oshima anko bushi, Edo no komoriuta), un air du seizième siècle (Une jeune fillette de Jehan Chardavoine), une complainte succès des Chœurs de l'Armée rouge (Plaine, ma plaine) ou l'envoûtant Bachianas Brasilleiras de Villa-Lobos que Gato Barbieri s'était déjà approprié, en 1969, pour l'album The Third World: bref, l'universalité de la culture revendiquée avec force et revisitée avec originalité.
On passe ainsi, tour à tour, d'une mélancolie alanguie (File la laine, Oshima anko bushi joué à la trompette bouchée) à des mélodies virevoltantes (la très dansante Romanella), d'un tempo apaisé (Dura memoria) à des climats libertaires (La belle s'en va au jardin des amours), d'une trompette espiègle (Une jeune fillette) à un bugle majestueux (Mellan branta stränder), toujours en parfaite empathie avec le piano lyrique de François Chesnel, la contrebasse de Frédéric Chiffoleau (beau travail à l'archet sur Bachianas Brasileiras) et la batterie constamment inventive de Christophe Marguet.
Comme le dit le texte de la pochette: "L'impureté, le créole de ce répertoire apparaissent plus précieux que jamais" à cette époque de repli sur soi.
© Claude Loxhay, 01/2018
Concerts:
Théâtre de Caen: 13 janvier 2018
Paris, Sunside: 8 février 2018
Liège, Pelzer Jazz Club, Lucky Dog: 21 février 2018