Wollny / Parisien / Lefebvre / Lillinger - XXXX
W
ACT Records / Newartsint.
« Mondenkind », le dernier album de Michael Wollny chroniqué, était une sorte d’hymne au silence et à la solitude, inspiré par Michael Collins, l’astronaute récemment disparu qui le 20 juillet 1969 restait à bord pendant que ces deux coéquipiers marchaient sur la lune.
Une musique tout en intériorité. Cet album et ses collaborations avec Vincent Peirani ont un peu fait oublier le côté explosif, électrique et contemporain du pianiste.
Le line-up de ce « XXXX » laissait prévoir un environnement hors des sentiers battus : Emile Parisien, lui aussi maître en séances allumées, le bassiste Tim Lefebvre (oui, celui de « Blackstar » de David Bowie) familier des milieux rock (Elvis Costello, The Black Crowes, Patti Austin…) et jazz (Uri Caine, Donny McCaslin,…) et le batteur Christian Lillinger, partenaire de Joachim Kühn, mais aussi d’Evan Parker, Louis Sclavis, Peter Brötzmann, Dave Liebman…
Quand de plus on lit que cette session est le résultat d’un enregistrement live au club « A-Trane » de Berlin, la ville où toutes les musiques sont possibles, on pressent de l’inouï. Composé exclusivement de musiques improvisées hautement électroniques, ce concert secoue les tripes : le travail de synthés de Wollny domine, l’enchevêtrement basse-batterie produit des effets sonores hallucinants, et Emile Parisien, le seul à être quasi constamment en acoustique, sublime le décor de son phrasé typiquement dans l’urgence.
On a parfois l’impression d’être dans un monde de science-fiction avec un côté sombre et mystique, voire carrément toxique avec un côté psychotrope (vous ne me croyez pas ? Allez un peu voir sur le net la relation entre la structure chimique de la couverture et les champignons hallucinogènes).
Les quatre musiciens ont la bonne idée de ne pas faire durer les séquences, les morceaux variant entre 3 et 7 minutes. Voilà une musique à vivre en live, mais qui par moment peut paraître selon les moments enthousiasmante ou indigeste. Vous n’écouterez en tout cas pas ce disque dans l’indifférence.
© Jean-Pierre Goffin
Une collaboration JazzMania / Jazz’halo