Jazz vocal: Sonia Cat-Berro et Sarah Lancman
Various
Bloomdido & Jazz Eleven
Le nombre de vocalistes ne cesse d'augmenter, voici deux chanteuses françaises qui échappent à cette tendance actuelle qui consiste à confondre jazz et pop. D'une part, Sonia Cat-Berro qui sort ici son quatrième album et, d'autre part, Sarah Lancman qui signe son troisième.
Sonia Cat-Berro - Lonely Siren
Shed Music
Sort le 9 mars prochain
Dans les années '90, Sonia Cat-Berro interrompt ses études de lettres à la Sorbonne pour s'inscrire au CIM, la première école de jazz à Paris, où elle étudie le chant mais aussi le piano et l'harmonie. En 1999, elle sort son premier album, A singing affair, tout entier dédié à des standards. En 2003, elle enregistre Keep in touch, avec le saxophoniste Gilles Barikosky: outre les standards Everything happens to me et Let yourself go, une série de chansons qu'elle a écrites en anglais et dont Barikosky signe la musique. En 2011, sort son troisième album, Toy Balloons, nouvelle série de chansons originales, complétée par Still loving you du groupe Scorpions et What are you donig the rest of your life de Michel Legrand qu'elle interprète en duo avec le pianiste Pierre de Bethmann.
Voici que sort l'album Lonely Siren pour lequel elle s'est entourée, au long de formations à géométrie variable, du pianiste Tony Paeleman issu du Conservatoire de Nice; du guitariste Pierre Perchaud, qu'on a entendu avec Charlier-Sourisse et au sein de l'ONJ de Daniel Yvinec; du saxophoniste Christophe Panzani, membre du Big Band de Carla Bley et membre comme les précédents du groupe Watershed; Nicolas Moreaux à la contrebasse et, à la batterie, Karl Jannuska qui a enregistré avec François Théberge et Lee Konitz mais aussi quelques invités.
Au répertoire, huit chansons originales dont la musique a été écrite par ses accompagnateurs mais aussi Babooshka, le grand succès de Kate Bush, Scars de la chanteuse américaine Fran Landesman et Dança de solidao du Brésilien Paulinho Da Viola.
Tout long de ce répertoire, essentiellement des ballades au tempo apaisé, elle opte pour une voie médiane entre tradition pure (comme sur Very simple song ou Walls and pièces) et la tendance jazz-pop (Babooshka auquel elle donne une vraie seconde vie).
Sans multipler les invités, en vraie musicienne soucieuse des nuances, elle varie les formations: simple trio piano-basse-batterie (Very simple song), quartet avec la guitare chatoyante de Pierre Perchaud (After the storm, The tatoo, The return), recours au saxophone de Christophe Panzani (Lonely Siren et Scars), au cor discret de Baptiste Germser (Around my shoulders), au bugle de Guillaume Poncelet (Walls and pièces). Scars est chanté en trio avec Panzani au ténor et Simon Tailleu à la contrebasse et Dança de solidao avec Serena Fisseau pour les chœurs.
Une vraie réussite.
Sarah Lancman - A contretemps
Jazz Eleven
Sarah Lancman se destinait d'abord au piano: dès l'âge de sept ans, elle a poursuivi des études de piano classique au Conservatoire de Paris. Par la suite, elle s'est tournée vers le jazz en entamant des études de piano et chant à la Haute Ecole de Musique de Lausanne et ce qui l'a décidée à se consacrer au chant, c'est sa participation au Concours de Jazz Vocal de Montreux dont elle a remporté le Premier Prix. Son premier labum, Dark, était consacré à des reprises. Le deuxième tournant de sa carrière sera sa rencontre avec le pianiste italien Giovanni Mirabassi.
Né à Pérouse, Giovanni Mirabassi a d'abord connu la célébrité en France, que ce soit avec son trio réunissant Flavio Boltro (tp) et Glenn Ferris (tb) ou ses albums en solo (Avanti), puis aux Etats-Unis, avec Gianluca Renzi et Eliott Zigmund, un des batteurs de Bill Evans, pour Tribute to Bill.
Avec Mirabassi, Sarah Lancman a d'abord enregistré Inspiring Love, avec des musiciens expérimentés: Alex Spiagin de Mingus Big Band à la trompette, à la contrebasse, Gianluca Renzi qui a côtoyé Antonio Farao comme Rosario Giuliani avant de s'installer aux Etats-Unis et, à la batterie, Gene Jackson qui a enregistré avec Kevin Eubanks, Chico Freeman ou Dave Holland.
Et voici A Contretemps enregistré en Thaïlande avec la même équipe, si ce n'est que Spiagin cède sa place à un invité japonais: Toku qu'on entend sur I want your love (chant et tp), Wrong or right (tp) et Love me just your way (chant).
Au répertoire, dix compositions originales, paroles et musique de Sarah Lancman pour certaines, musique de Mirabassi pour d'autres, avec en bonus track la reprise de On s'est aimé en japonais. Soit cinq chansons en anglais, cinq en français dont On s'est aimé co-écrit avec Francis Lalanne.
Sur les chansons en anglais, Lancman s'inscrit dans la plus pure tradition jazz vocal, bien soutenue par le groove de son trio (Don't lose me avec beau solo de piano) et l'apport de Toku sur trois titres.
Les textes en français, d'un lyrisme mélodique à fleur de peau, évoquent l'univers sensible de Michel Legrand tandis que Tout bas, avec les percussions de Lukmil Perez, et Choro pour les amants éternels prennent des allures brésiliennes chatoyantes.
Une autre belle découverte.
© Claude Loxhay