Edition records:
Various
Edition Records
label créatif et immergé dans le jazz britannique d’aujourd’hui
Edition Records est sans aucun doute un label anglais qui prend une envergure internationale. Chris Potter vient de signer sur le label pour son prochain disque, Jeff Ballard a fait de même – les sorties sont prévues en 2019 , tout comme le pianiste allemand Pablo Held, mais aussi notre compatriote Nicolas Kummert. Le label produit également quelques uns des groupes les plus prometteurs de la scène anglaise, occasion pour parcourir quelques perles récentes du catalogue de Dave Stapleton.
Et à tout seigneur tout honneur, le producteur-claviériste vient de sortir cet été le troisième opus de Slowly Rolling Camera - Juniper qui réunit Dave Stapleton, le producteur Deri Roberts aux manettes électroniques et Elliot Bennett aux drums sur huit compositions du claviériste.
Groupe de Cardiff, il suffit de traverser un bras de mer pour se retrouver à Bristol, port d’attache de « Massive Attack » et « Portishead » dont on retrouve les couleurs, tout comme les ambiances du « Cinematic Orchestra ». Parmi les invités, on retrouve d’ailleurs l’ex-guitariste du « C.O » ainsi que Nicolas Kummert. Les mélodies sont fortes, la batterie prend une grande place dans l’atmosphère de l’album et ‘ensemble sonne à merveille.
Avec sa couverture plutôt trash et son nom de groupe radical, Enemy n’a pas grand-chose à voir avec un trio piano-basse-batterie classique, même si la construction des morceaux a une gueule qui accroche. Ça groove avec enthousiasme sur des climats variés, avec des improvisations parfois déconcertantes, bref c’est plein d’originalité.
A suivre attentivement.
On ne présente plus Phronesis, le trio composé de Ivo Neame au piano, Jasper Hoiby à la contrebasse et Anton Eger aux drums en est à son huitième album sans jamais décevoir ses fans. We Are All reste bien dans la voie énergivore qui caractérise le trio avec ce « One For Us » qui entame en force l’album. Ivo Neame est le compositeur de la deuxième pièce « Matrix for D.A » qui débute par un duo batterie-piano avant une fine entrée en matière du contrebassiste. « The Edge » du batteur Anton Eger représente parfaitement l’esthétique du groupe qui se construit sur l’évolution des atmosphères à travers un même morceau.
A noter le partage des compositions puisque chacun s’acquitte de deux compositions, parfait équilibre et unité de style étant le maître-mot de ce trio qui ne surprend plus si ce n’est par la régularité de ses qualité discographiques.
Un excellent placement !
Pour clôturer cet aperçu des nouveautés du label « Editions Records », on découvre le guitariste Ant Law, auteur de déjà deux albums, mais qui ont échappé à notre perspicacité !
La première chose qui frappe c’est que le guitariste sait s’entourer : on découvre à ses côtés une partie du gratin du jazz britannique d’aujourd’hui avec Ivo Neame – « Phronesis » -, le sax Mike Chillingworth, le contrebassiste Tom Farmer – membre de « Empirical », groupe fondé en 2007 et auteur de plusieurs albums recommandables - , et le batteur James Madden - on le rencontre avec Gwilym Simcock, Seamus Blake, Mark Copland… Ajoutons que les deux invités ne laissent pas indifférents : Tim Garland aux tenor et soprano, et Asaf Sirkis, batteur de Gwilym Simcock, mais ici pratiquant le konnakol, une pratique vocale originaire du Sud de l’Inde.
Ant Law décrit l’album comme étant inspiré par différentes expériences, ce qui donne une esthétique plutôt éclatée à son projet dont les plages touchent un peu à tout : « Movies » sonne comme une pièce rock, « Searching » a une influence plus cinématographique, « Introduction to Laurvin Glaslowe » introduit Asaf Sirkis et son chant carnatique, l’inspiration de « The Act Itself » parait plus contemporaine.
L’album sonne assez comme un inventaire des possibles pour ce guitariste, mais plutôt que d’y voir un manque de personnalité, on s’immerge dans des pièces qui individuellement sont de véritables petits bijoux d’invention. Un disque qui doit s’écouter en plusieurs fois tant les strates proposées sont riches et emballantes.
© Jean-Pierre Goffin