Tomasz Stanko - December Avenue
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ECM/Newartsint
Plus d’un demi-siècle que Tomasz Stanko traverse l’Histoire du Jazz avec un esprit créatif constant et une sonorité de trompette reconnaissable entre toutes.
Il y a aujourd’hui 55 ans, il enregistrait les musiques de films de Krysztof Komeda aux côtés de Jacques Pelzer! Un parcours qui a permis notamment ces dernières années de découvrir des pianistes aussi remarquables aujourd’hui que Marcin Wasilewski ou Alexi Tuomarila.
Chez Tomasz Stanko, les humeurs balancent entre ambiance sombre et lourde de sens et réminiscence des mouvements free des Pays de l’Est. Que ce soit avec ses groupes européens ou américains – comme c’est le cas ici sur «December Avenue» - on retrouve cette charge de l’Histoire d’un pays longtemps meurtri : ainsi la «Ballade for Bruno Schulz», hommage à un écrivain polonais assassiné par la gestapo en 1942, une composition où la gravité de la trompette de Stanko domine, voire écrase.
Si plusieurs pièces accentuent encore l’atmosphère sombre et mélancolique de l’album, on trouve dans le titre éponyme et sur «Yankiels Lid» un classicisme ressuscité qui met en avant une rythmique brillante avec un Reuben Rogers en évidence et un pianiste au jeu subtil aux inspirations evansiennes. Le contrebassiste nous prouve par ailleurs – sur «David And Ruben» en duo – que sa longue présence dans le Quartet de Charles Lloyd exerce une influence certaine sur l’ensemble de son œuvre. Quant à «Burning Hot» il s’inspire plus des envolées free des années 60 dans le jazz polonais.
Un disque à l’équilibre parfait entre mélancolie et énergie rythmique, un nouvel apport essentiel dans l’œuvre d’un des musiciens européens les plus originaux.
Jean-Pierre Goffin