Thomas Champagne: Random House
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NU :BE/IGLOO
Voilà trois ans que le nouveau quartet du saxophoniste alto Thomas Champagne a été porté sur les fonts baptismaux, trois ans passés à peaufiner un projet sur scène et sur des premiers enregistrements : une galette de trois titres apparait en 2014, avant le maxi 6 titres ‘Sweet Day’ qui date de janvier 2016.
Ce nouvel enregistrement réalisé en janvier et février de cette année au Jet Studio de Bruxelles, peut être considéré comme l’acte de naissance d’un groupe parfaitement rôdé. Un quartet sans piano où la voix harmonique est laissée à Guillaume Vierset, guitariste au jeu de plus en plus redoutable et aux influences rock bien marquées. Ruben Lamon, contrebassiste aux multiples intentions musicales et membre du Bravo Big Band pour son versant jazz, et Alain Deval, batteur de l’excellent Collapse qui avait marqué le début de la décennie par son explosivité, forment la rythmique de Random House.
« Home », ouvre l’album en douceur avec la guitare et la basse avant l’entrée du sax alto au chant clair et souple. La musique est précise, mais d’une précision naturelle, rôdée, et d’une fluidité constante. Il faut écouter les unissons acérés et ciselés de la guitare et du sax sur « Tres Chicas » avant le final abrupt, tranché comme au couperet. La douce mélodie de « 3 Octobre », une des cinq compositions du guitariste sur l’album, ramène à la sérénité, avant les envolées voisines de Lee Konitz qui ouvrent « Evidence » et « Mister Ploug » qui clôture joliment l’album
Tout l’album démontre une grande maturité et un travail réfléchi sur le croisement entre tradition et ouverture aux sonorités et rythmes plus rock, aux harmonies fouillées mais limpides. Une très belle réussite du saxophoniste qui, par sa collaboration avec Guillaume Vierset, marque d’une empreinte personnelle le paysage du jazz belge d’aujourd’hui.
© Jean-Pierre Goffin