Sylvain Rifflet / Jon irabagon / Sébastien Boisseau / Jim Black - Rebellion(s)
S
BMC
Sylvain Rifflet apparaît comme l'une des révélations de la scène française actuelle.
Au Conservatoire de Paris, on le désigne souvent comme un "élève intelligent, avec des idées originales". Il a remporté une Victoire de la Musique et un Django d'Or, il a côtoyé Louis Sclavis, Michel Portal et Kenny Wheeler. Son originalité se marque au travers de ses enregistrements: Beaux-Arts avec le guitariste Gilles Coronado; Alphabet avec le flûtiste Jocelyn Mienmiel; Perpetual Motion, en hommage au compositeur d'avant-garde Moondog, déjà avec Jon Irabagon; Mechanics, de nouveau avec Mienmiel; Re-Focus avec des cordes et Troubadours avec le trompettiste Veneri Pohjola.
Pour Rebellion(s), il a, de nouveau, fait appel à Jon Irabagon (mezzo-soprano et sopranino). Au Middelheim, on a pu l'entendre au sein du quintet de Dave Douglas. Il a croisé Mary Halvorson dans différentes formations et enregistré, avec Mark Helias et Barry Altschul, It takes all kinds. Il a gravé Behind the sky avec Tom Harrell; Outright Unchanged avec Ralph Alessi et The rain session avec le Britannique Paul Dunmall. Il a fait partie du Gros Cube # 2 d'Alban Darche et participé à Eden de Teun Verbruggen.
A la contrebasse, le très sollicité Sébastien Boisseau. Né à Lille, en 1974, il a étudié au Conservatoire de Tours et pris des cours avec Jean-François Jenny-Clarke. Il rejoint Daniel Humair, pour Ear Mix, en compagnoe du vibraphoniste David Friedman; enregistre Budapest Concert avec Alban Darche, déjà pour BMC. Il forme un trio avec Matthieu Donarier (album Wood en 2013). Il participe à la fondation du label Yolk et enregistre, avec Alban Darche, Jass, en compagnie de Samuel Blaser puis Vert Emeraude, en compagnie de Jean-Luc Pommier. Pendant un temps, il a fait partie de Mâäk de Laurent Blondiau, avec Jean-Yves Evrard à la guitare et fait partie, avec Manu Hermia et Kari Ikonen, de l'Orchestra Nazionale della Luna.
Batteur novateur, a Jim Black a croisé toute la nouvelle scène américaine: il a fait partie d'Human Feel avec Kurt Rosenwinkel, de Bloodcount avec Tim Berne, du Tiny Bell Trio avec Dave Douglas, mais aussi du trio d'Ellery Eskelin et a enregistré avec Kris Defoort.
Au programme, deux plages instrumentales: la première de Sébastien Boisseau, Factory Girl, inspirée d'un folksong irlandais: après une belle intro de contrebasse, un dialogue s'installen entre les deux saxohones. America Daybreack de Jon Irabagon repose sur un véritable chassé-croisé entre le ténor de Rifflet et le sopranino d'Irabagon qui s'envole dans un imposant solo.
Pour les cinq autres compositions, chacun des deux complices saxophonistes a accompagné la musique d'un texte parfois déclamé, parfois chanté.
La première plage, Jean Moulin rend hommage au célèbre résistant français, au travers d'un discours très emphatique et volontiers déclamatoire d'André Malraux à la gloire du rési to a minority of rich peoples deux saxophones constitue la plus grande réussite du projet Ornettet voix-musique, avec un réel message: "the real power belongs to the people" (un souhait plus qu'une réalité?) ou "Our civilisation is being sacrified".
La composition The adults in the room fait appel à la voix beaucoup plus agressive de la militante américaine anti-armes Emma Gonzalez, proche du rap et s'ouvrant sur 'une union entre saxophones qui évoque Ornette période Dewey Redman. La cinquième plage, Olympe, en l'honneur d'Olympe de Gouges, qui a écrit la Déclaration des Droits des Femmes, à l'époque de la Révolution française, fait appel à la voix de Jeanne Added (une chanteuse désormais pop mais qui a eu un passé "jazz", notamment avec Vincent Courtois). La sixième plage, Paul Robeson, rend hommage au chanteur-acteur noir qui a été parmi les premiers à dénoncer la ségrégation raciale. Sa voix grave se marie au dialogue assez "free" entre les deux saxophonistes.
A son accoutumée, Sylvain Rifflet présente un projet personnel, engagé et militant, en complicité totale avec Jon Irabagon.
© Claude Loxhay