Sokratis Sinopoulos Quartet - Metamodal
S
ECM/newartsint.
Ceux qui se souviennent du « Athens Concert » du quartet de Charles Lloyd avec la chanteuse Maria Farantouri - enregistré dans le magnifique Odeon au pied de l’Acropole - ont découvert à cette occasion le travail tout en finesse de Sokratis Sinopoulos à la lyre, un mariage original et réussi entre la spiritualité du saxophoniste et la tradition grecque.
En replaçant la lyre à l’avant-scène ces dernières années, Sokratis Sinopoulos fait non seulement œuvre de musicologue averti, mais aussi d’un novateur qui mêle les sonorités traditionnelles de l’instrument à une musique qu’on pourrait assimiler à de la musique contemporaine. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter « Metamodal I – Liquid » qui pousse la tension du morceau jusqu’à son paroxysme avant de se plonger dans un apaisement soutenu puis dans une fureur finale portée par le pouvoir percussif du piano de Yann Keerim.
Une pièce construite avec raffinement. « Transition », le bien nommé entre les parties un et deux-trois de « Metamodal » est porté par la contrebasse de Dimitri Tsekouras et les sombres sonorités des accords du piano. Introspectives et mélancoliques de bout en bout, les compositions de Sinopoulos sont portées par les trois magnifiques musiciens qui l’accompagnent : aux Yann Keerim et Dimitris Tsekouras déjà cités, il faut ajouter le jeu discret et varié de Dimitris Emmanouil à la batterie. Dans cette atmosphère byzantine, on pense souvent à l’univers d’Anouar Brahem empreint de romantisme et de raffinement oriental, illustré par les suites « Metamodal II – Illusions » et « Metamodal III - Dimensions ». Au sujet de ces trois pièces qui donnent son titre à l’album, Sokratis Sinopoulos dit : « En partant du système modal que je connais le mieux, l’approche médiévale, j’ai essayé de créer de nouvelles dimensions et systèmes et de les emmener dans ce que nous entendons être la modalité dans les régions de la Méditerranée orientale. En d’autres termes créer de nouveaux modes et les développer de façon mélodique en utilisant tous les idiomes que nous aimons comme le jazz et la musique contemporaine. » Une approche particulièrement ressentie dans la pièce finale, œuvre collective du quartet.
Un très beau disque qui nous emmène dans un univers auquel nous sommes peu coutumiers. Une magnifique découverte.
© Jean-Pierre Goffin