Simon Spiess Trio - Stardance
S
Unit Records
La formule du saxophone trio relève un peu de l'exercice sans filet. Pour tenir la route, il faut un excellent saxophoniste (Sonny Rollins aux States, Jeroen Van Herzeele chez nous) et une rythmique solide (par exemple, celle d'Elvin Jones). De ce point de vue, le trio du Suisse Simon Spiess a de quoi convaincre.
Polyinstrumentiste (ts, as, ss, bcl) qui a suivi sa formation musicale à Bâle, Spiess a côtoyé des Américains comme Randy Brecker (tp) et Donny Mc Caslin (ts) et il a 9 albums à son actif, que ce soit avec son premier trio, en compagnie de Marco Nemmiger et Daniel Mudrack, ou avec l'excellente rythmique de ce Stardance. D'une part, Bänz Oester, sans doute le meilleur contrebassiste helvète qui a côtoyé Dewey Redman, Joe Lovano, Michael Brecker, Ray Anderson ou Arthur Blythe, a fait partie du Vienna Art orchestra, du Pierre Favre Ensemble et du quartet de Samuel Blaser et enregistré en trio avec le pianiste Michel Wintsch et Gerry Hemingway à la batterie.
D'autre part, Jonas Ruther, batteur né à Zurich mais qui a poursuivi ses études à Lucerne et a notamment joué avec Nils Wogram et Chistoph Irniger.
Au répertoire de Stardance, dix compositions originales: cinq signées par le leader, cinq par le bassiste. Une série de ballades aux mélodies envoûtantes (Adhan, For Bra Herb, Vol de nuit) alternent avec des thèmes au groove endiablé (Jones' Tones, Yggdrasil). Spiess passe, avec bonheur, du ténor (How come, Stardance) à l'alto (Frank, Neckarstadt West) ou au soprano (Basic Needs à l'atmosphère orientalisante). Sur Stardance de Bänz Oester, le trio accueille le rappeur suisse Nya qui a côtoyé Erik Truffaz et le pianiste Patrick Muller. Jonas Ruther fait preuve d'un drive infaillible et Bänz Oester démontre toute sa vélocité de jeu (intro de Basic Needs) et sa belle sonorité (solo sur Neckarstadt West).
Un album qui illustre parfaitement la richesse du jazz helvète: à ce propos, pour les collectionneurs de magazines, se reporter sur le dossier spécial du n° 54 de Jazz In Time, de l'été 1994...
Claude Loxhay