Samuel Ber : Pentadox - Between & Malaby/Dumoulin/Ber: Maps & synecdoches
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autoproductions/Inside Jazz Management
On a découvert le jeune Samuel Ber au sein de Mâäk et MikMâäk, avec Laurent Blondiau, Guillaume Orti, Jeroen Van Herzeele et Michel Massot, deux formations auxquelles il insufflait une énergie nouvelle. Elève du Conservatoire d'Anvers puis de Paris (pour son master), il a étudié la batterie avec Jan de Haas, Teun Verbruggen, Eric Thielemans, Stéphane Galland et Dre Pallemaerts: difficile de faire mieux. Il a joué en trio avec Jean-Jacques Birgé et Antonin Tri Hoang (sax), avec Mâäk, MikMâäk, Benoît Delbecq, Casimir Liberski trio et le nouveau ensemble Nicolas Thys. Voici deux albums autoproduits, enregistrés l'un avec l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'autre avec l'aide de la Communauté flamande.
Pentadox - Between
Samuel Ber a fondé Pentadox en 2015 et a bénéficié d'une résidence à la Jazz Station de Bruxelles. D'abord trio, la formation s'est élargie.
Au saxophone alto, le Français Guillaume Orti, membre de Kartet avec Benoît Delbecq (p), d'Altissimo du bassiste Hubert Dupont, du MegaOctet d'Andy Emler et, en Belgique, de Mâäk, MikMâäk, d'Octurn (XPs, 21Emanations) ou du quintet de Kris Defoort avec Veronica Harcsa (voc).
Au ténor, Sylvain Debaisieux, membre d'Heptatomic d'Eve Beuvens, du projet Kem de Stéphane Galland avec Bram De Looze au piano et d'Imaginary Band avec la vocaliste Lynn Cassiers et la saxophoniste Alexandra Grimal (de l'ONJ d'Olivier Benoît).
Au baryton, Bo Van Der Werf, qui a enregistré pas moins de 12 albums avec Octurn, a fait partie du BJO, est membre de Mik Mâäk et de Lidlboj avec Lynn Cassiers.
Au piano, Bram De Looze, fondateur du LABtrio et de Septych, membre d'Urbex d'Antoine Pierre et du nouveau quartet de Ben Sluijs.
Pour ce Between, Samuel Ber a écrit six compositions originales, avec un titre qui traduit bien l'atmosphère du projet: Sfumato, cette technique picturale qui donne un modelé vaporeux, au moyen de glacis d'une texture lisse et transparente, de manière à suggérer, par les gradations de la couleur, l'échelonnement en profondeur des objets.
Une musique tout en nuances de coloris sonores: sur les lacis du piano et de la batterie (avec recours fréquents des mailloches), se développe l'arc-en-ciel des saxophones, dans une juxtaposition graduée des différentes couleurs des anches (Between/Sfumato, Between II), parfois avec des sonorités écorchées (Polar Ber). Tantôt, c'est l'alto qui mène la danse (Bumper Spacecraft), tantôt le baryton (Selfie d'un miroir) dans un climat qui évoque parfois la musique d'Octurn.
Malaby/Dumoulin/Ber - Maps & synecdoches.
Le deuxième album est enregistré en trio avec le saxophoniste américain Tony Malaby et les claviers multiples de Jozef Dumoulin.
Tony Malaby est une des figures majeures du jazz américain actuel. Installé à New York depuis 1995, il a fait partie du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden (concert au Jazz Middelheim), de l'Electric Be Bop Band de Paul Motian, d'Open Loose du bassiste Mark Helias, de l'Elusion Quartet du bassiste Michael Formanek et du trio + 2 de Fred Hersch. Très actif en Europe, il a enregistré Pas de dense avec Daniel Humair et Benoît Chevillon, Sound Architects avec le bassiste Stéphane Kerecki et Bojan Z, Full contact avec Joachim Kuhn et Daniel Humair.
Après avoir étudié à Bruxelles avec Nathalie Loriers et Diederik Wissels, puis à Cologne avec John Taylor, Jozef Dumoulin est devenu un claviériste extrêmement sollicité en Belgique comme en France, que ce soit avec Octurn ou Aka Moon, avec Erwin Vann, Teun Verbruggen (The Bureau of atomic Tourism avec Nate Wooley) ou Lynn Cassiers (What lies in the sea) ou en compagnie d'Alban Darche (Hypercub), Benoît Delbecq (Plug and play) ou le saxophoniste américain Ellery Eskelin (Red Hill Orchestra).
La réflexion de Samuel Ber, "Je compose pour susciter l'improvisation", prend tout son sens ici, au long des 15 compositions originales de l'album. 15 courtes plages centrées sur l'interaction entre les trois musiciens.
Jozef Dumoulin passe du Fender Rhodes (As if it were tomorrow) au piano (Threshold III et IV), et, le plus souvent, crée des atmosphères mystérieuses, avec de multiples effets électroniques (Eau en poudre, Flash Back), certaines avec une tension très grande (Highway to sfumato, An electronic birthday cake).
Tony Malaby passe du ténor, soit sur tempo vif (Threshold, Highway to sfumato), soit de manière plus apaisée (Sfumato II), au soprano en correspondance avec les volutes du Rhodes (As if it were tomorrow).
Tout au long des 15 plages, Samuel Ber montre toute l'étendue de sa technique et de son inventivité.
Texte © Claude Loxhay - photo © Roger Vantilt