Régis Huby Quartet - Equal Crossing
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Abalone / L'autre Distribution
Le projet Equal Crossing, présenté notamment au Jazzdor de Berlin en 2015, concrétise la rencontre de quatre fortes personnalités.
Au violon électrique, au violon ténor électroacoustique qui a une sonorité intermédiaire entre l'alto et le violoncelle et effets électroniques, Régis Huby. Formé au Conservatoire de Rennes, en musique classique, puis au Conservatoire de Paris, dans la classe jazz de François Jeanneau, il a fait partie du sextet de Louis Sclavis (albums Ellington on the air, Violences de Rameau), du Zoom Top Orchestra du batteur Bertrand Renaudin (Ten Years), du quartet du contrebassiste d'Yves Rousseau, a participé au projet Le Sentiment des Brutes, avec biniou, bombarde et vielle), joué en duo avec le violoncelliste Vincent Courtois et formé le quatuor à cordes IXI, avec Théo Ceccaldi (Temps suspendu): un parcours pour le moins éclectique.
Marc Ducret, aux guitares électrique et acoustique, a côtoyé le saxophoniste américain Tim Berne, Louis Sclavis, Andy Emler, Christophe Monniot, Michel Massot, Dominique Pifarely et formé un trio avec Bruno Chevillon et Eric Echampard.
Au piano, au Fender Rhodes et au Little Phatty (un synthé), Bruno Angelini a poursuivi ses études au Conservatoire de Marseille puis au CIM à Paris. En Belgique, on l'a entendu, en trio, avec le chanteur Thierry Péala et le saxophoniste Sylvain Beuf. Il fait partie de l'European Jazz ensemble du trompettiste italien Giovanni Falzone, du quartet de Sébastien Texier, a enregistré Empreintes avec Ricardo Del Fra et Never alone en solo.
Enfin, à la batterie, aux percussions et effets électroniques, l'Italien Michele Rabbia qui a côtoyé nombre de pianistes comme Marilyn Crispell, Antonello Salis, Rita Marcotulli, Stefano Battaglia mais aussi Louis Sclavis, Vincent Courtois et la chanteuse Maria Pia De Vito (album Pergolese ches ECM).
La suite Equal Crossing, en trois mouvements, scindés eux-même en deux ou trois parties, est au croisement entre musique classique, musique contemporaine, jazz et rock progressif dans ses aspects les plus électriques: une musique qui jette des "ponts imaginaires" (Imaginary Bridges est le titre du Mouvement III, Part 1).
Faith & Doubt (Mouvement I, Part 1) s'ouvre dans une atmosphère recueillie, avec guitare acoustique et violon, mais bientôt le tempo s'accélère avec entrée en scène de la guitare électrique et un solo tout en déferlement du piano. Doubt & Fear, comme Are we from?, sont dominés par les instruments électriques et notamment la guitare tonitruante, très rock, de Ducret.
Le climat s'apaise à nouveau avec The Synthesis of Now-Here, dialogue entre pizzicati du violon et guitare puis avec The Crossing of Appearances, au travers d'un dialogue entre piano et guitare électrique. Imaginary Bridges s'ouvre sur les pizzicati du violon bientôt suivis d'un jeu à l'archet (sans doute au violon ténor, à en juger par la tonalité grave dominante). Avec Horizon's Crossing, la suite se clôt sur une nouvelle alternance entre sonorités acoustiques puis sonorités électriques éclatantes.
Une musique qui ne s'apprivoise pas du premier coup mais renferme de belles flamboyances.
Claude Loxhay