Roberto Negro - Emile Parisien - Michele Rabbia: Dadada Saison 3
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Label Bleu
Roberto Negro est une des figures marquantes de Tricollectif, une mouvance de musiciens français particulièrement active (voir article consacré).
Diplômé du Conservatoire de Chambéry, Roberto Negro a notamment suivi des cours avec Benoît Delbecq, le pianiste de Kartet. Il fait partie d'un nombre impressionnant de formations issues de ce collectif hors des sentiers battus: La Scala, quartet très orienté musique classique contemporaine, avec Théo Ceccaldi (vl), son frère Valentin (cello) et Adrien Chenebault (dm); Garibaldi Plop avec Valentin Ceccaldi et Sylvain Darrifourcq (dm); Kimono avec Christophe Monniot (as); Loving Suite pour Birdy So avec Elise Caron (voc) et un quintet à cordes mais aussi Les Metanuits, duo avec Emile Parisien dédié aux quatuors de G. Ligeti.
Pour ce Dadada, le revoici avec le saxophoniste soprano Emile Parisien, une des coqueluches de la scène française actuelle: en témoignent son quartet avec Sylvain Darrifourcq (plusieurs albums dont Spezial Snack), le duo Belle Epoque avec Vincent Peirani à l'accordéon, le quintet avec Joachim Kuhn et Manu Codjia (album Sfumato), les groupes Sweet and Sour de Daniel Humair et Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki, avec John Taylor au piano ou le quintet de Georgui Kornazov (Sila).
Le troisième du trio n'est autre que Michele Rabbia (percussions, effets électroniques) qu'on a entendu avec nombre de musiciens italiens, tels Antonello Salis, Rita Marcotulli ou Stefano Battaglia, mais aussi avec Marilyn Crispell, Louis Sclavis ou encore Régis Huby et Marc Ducret (album Equal Crossing).
Bref, ce Dadada, plus qu'un trio, est un réel triumvirat.
Comme souvent, Roberto Negro a utilisé un "substrat extra-musical" pour composer: ici, il s'agit du peintre Miro qui a inspiré au pianiste d'origine turinoise des "thématiques nocturnes et oniriques aux fluctuations imperceptibles": douze compositions originales de 2 à 6 minutes 30 qui se déclinent comme les "épisodes d'une série télévisée" et avec pour titre des noms de personnages.
Des thèmes au tempo rapide (Bagatelle, ou ce Nano aux relents free) ou lent (Shampoo avec effets électroniques), proches de la musique classique contemporaine (Gloria e la poetessa, The vanishing of Sally Queen) ou qui prennent un air de merengue d'Amérique latine (Ceci est un merengue). Des mélodies aériennes qui magnifient le soprano volubile de Parisien (Sangu) ou voltigeuses (Rudi, beau dialogue piano-soprano qui rappelle Loos-Houben). Toujours avec un apport inventif de Michele Rabbia (jeu subtil de balais sur Sangu, différents cliquetis de petites percussions sur Poucet et quelques effets électroniques sur Shampoo ou Behind the scene).
Une musique inventive à l'image de ces trois musiciens aventureux.
Claude Loxhay