Raphaëlle Brochet - Philippe Aerts: Kamalâmba
R
Igloo
En Belgique, on avait découvert Raphaëlle Brochet au travers de l'album 7 Views of a secret du pianiste Olivier Collette, avec Renato Martins (perc) et, déjà, Philippe Aerts (cb). On avait pu l'entendre aussi à Flagey, avec Ivan Paduart (p), Quentin Dujardin (g), Olivier Collette (elp), Philippe Aerts (cb) et Hans van Oosterhout (dm) ou alors au sein de Sitardust en compagnie de Joachim Lacrosse (sitar).
Mais c'est dans la formule dépouillée et complice du duo qu'elle vient d'enregistrer Kamalâmba, un album qui reflète parfaitement l'éclectisme de son parcours. Après avoir suivi des études de piano au Conservatoire de Poitiers, elle a étudié le jazz vocal aux Conservatoires de Paris et de Nantes. Détentrice d'une bourse de la Wesleyan University (Middletown, CT), elle a pu partir aux Etats-Unis et en Inde, à la découverte de la musique carnatique. Mais elle s'est aussi intéressée au chant persan et au flamenco. Depuis 2015, elle s'est installée à Bruxelles et a formé un duo empathique avec Philippe Aerts, contrebassiste expert ès mélodie et grand habitué des formations intimistes (piano-trio de Nathalie Loriers, Ivan Paduart et Igor Gehenot ou quartet de Philip Catherine). Elle opte ainsi pour une formule voix-contrebasse peu courante si l'on excepte les différents duos de l'Américaine Sheila Jordan, avec Cameron Brown (album I’ve Grown Accustomed To The Bass), Arild Andersen (Sheila) ou Harvie Swartz (Old time feeling, Songs from within).
Le répertoire illustre l'éclectisme musical de la chanteuse française et sa maîtrise des langues étrangères: anglais pour le standard Spring can really hang you up the most ou pour ce Crystal Silence de Chick Corea, le portugais pour les mélodies brésiliennes (O bebado e a equilibrista de João Bosco, Folhas Secas de Nelson Cavaquinho) et Estar a ti, ce texte du poète portugais Fernando Eduardo Carita interprété dans l'esprit du fado, intro en arabe suivie de paroles espagnoles pour Sah'Ra et, enfin, vocalises ondoyantes pour les morceaux d'inspiration indienne (Santhanam, Kamalâmba et le raga Kedaram, avec voix dédoublées, sur fond de sitar, synthé et basse électrique).
La complicité entre la contrebasse très mélodique de Philippe Aerts et la voix fluide et limpide de Raphaëlle Brochet est totale. Bien sûr, Raphaëlle et Philippe n'entendent pas faire ménage à trois, mais, subjectivement, on peut penser qu'un percussionniste discret pourrait encore apporter plus de relief aux thèmes indiens et aux mélodies brésiliennes.
A découvrir aussi en concert.
Claude Loxhay