Papajo: Paul Hubweber, Paul Lovens, John Edwards - Spiela
P
340 CD Creative Sources Recordings, Lisboa
S'il est moins connu que ses confrères Albert Mangelsdorf et Conrad Bauer, le tromboniste Paul Hubweber fait partie néanmoins des grandes figures du free jazz allemand.
Né en 1954, il joue d'abord de la batterie, avant de se tourner vers le trombone. Installé à Moers, il collabore au grand festival free et au workshop du Globe Unity Orchestra d'Alexander von Schlippenbach. Il enregistre en solo (Tromboneos), en duo avec Claus Van Bebber puis forme un trio avec Peter Kowald (cb) et Paul Lovens (dm). Après quelque temps, John Edwards succède à Kowald pour constituer Papajo: PAul Hubweber, PAul Lovens, JOhn Edwards. Au sein de ce trio, avec lequel il enregistre Jeu Simple pour Cadence, le tromboniste allemand côtoie deux grandes figures du free jazz européen.
Natif de Londres, John Edwards a joué avec Alexander von Schlippenbach, Peter Brötzmann, Lol Coxhil, Sophie Agnel, Evan Parker, Paul Dunmall, Tony Coe et Sunny Murray. Quant à Paul Lovens, il a côtoyé Aki Takase, Hans Koch, Frank Gratkowski, Mats Gustafsson, Mario Schiano, Evan Parker et a fait partie, avec Paul Lytton, du Globe Unity Orchestra (album 44 years de 2007).
A l'occasion du 15e anniversaire du trio, le label de Lisbonne a décidé de produire un double album reprenant deux enregistrements inédits réalisés par Paul Hubweber lui-même: deux concerts tout en spontanéité, l'un à Zagreb en 2003, et l'autre à Aachen en 2009, deux concerts séparés de six ans mais avec la même quête d'improvisation libertaire, au travers de plages de 5 minutes (Bamb Danca) à 20 (Acart Beat) ou 24 minutes (S C).
Hubweber explore tout le spectre sonore du trombone: feulements, growls rageurs, coups de langue, effets de glissando, recours à toute une série de sourdines, comme le montre une photo à l'intérieur de la pochette. John Eddwards, de son côté, explore toutes les potentialités de sa contrebasse, jeu vif à l'archet, pizzicati en rafales, au travers d'un jeu plus percussif que mélodique. Paul Lovens, lui, rompt totalement avec une approche traditionnelle de la batteie, un peu à la manière d'un percussionniste qui ponctue le flux du trombone d'articulations impromptues, mêlant caisse claire, toms, tambour à la peau tendue par des cordes et une multitude de petites cymbales accrochées à une tringle.
Bref un double album à réserver aux amateurs inconditionnels de free jazz européen échevelé.
Claude Loxhay