"PHI" ou le nombre d’or vu par Olivier Collette (JPG)
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Hypnote Records
Pianiste qui a parcouru le monde autant pour étudier – à New York avec Fred Hersch et Kenny Werner – que pour se produire sur scène dans de nombreux festivals ou travailler quelques années à Dubai, Olivier Collette s’est posé à Ittre pour y ouvrir l’ « Heptone », un nom inspiré du nombre 7 en grec et du mot « ton », « tonalité ».
Déjà un goût prononcé pour les chiffres, la magie des nombres, qu’on retrouve dans son nouvel album intitulé « PHI » - oui, le nombre d’or, la Grèce antique encore une fois, Euclide et la fascination pour un équilibre, une harmonie qu’on retrouve dans l’architecture des temples antiques, des théâtres grecs comme à Epidaure, mais aussi dans la musique du pianiste.
Une harmonie qu’il partage avec des amis musiciens et non des moindres : Bert Joris à la trompettiste, modèle d’élégance autant que de d’inspiration, Peter Hertmans à la guitare, mélodiste raffiné, chanteur de la six cordes et une rythmique bien balancée avec le jeune Daniel Jonkers à la batterie qui pratique aussi l’art d’éclairer le jeu du piano avec Marie Fikry, et Victor Foulon dont on admire la finesse sur le dernier album de Diederik Wissels « Pasarela ». Une équipe à l’harmonie incontestable et qui fait de la formule « belle mélodie » une profession de foi. Car si l’équipe est belle, les huit compositions du pianiste sont tout aussi séduisantes.
Certes, la lecture du livret est plutôt ardue pour un esprit aussi peu mathématique que le mien, et pour l’avoir lu avant l’écoute du disque, je craignais la thématique alambiquée et la torture de l’esprit. Bien heureusement la musique se passe de ces circonvolutions autour de la suite de Fibonacci et les soixante minutes précises de l’album se sont envolées comme un moment de bonheur où on ne compte pas le temps qui passe. Surtout sur ce tendre « Between a Tear and a Smile » où l’ombre de Toots plane du début à la fin et surtout sur le lumineux solo du pianiste et le son feutré de la trompette de Bert Joris.
Aussi avec un blues de structure classique entamé avec la guitare de Peter Hertmans, « Twisted Minor Blues » ou, pour clôturer l’album sur des couleurs latines, « Brazilian Sunflowers », un morceau au tempo léger introduit en duo par le pianiste et le trompettiste qui s’enrobe d’un joli jeu de balais de Daniel Jonkers.
C’est frais, mélodieux, enjoué et séduisant jusqu’au bout. Le cercle des pianistes belges de grande qualité est large et Olivier Collette en fait assurément partie et avec son tour d’horloge musical, il remt sans aucun doute les pendules à l’heure.
Concerts de sortie:
à l’ « Heptone » le 17 mars à…17h
au Pelzer’s Jazz Club le 27 mars à 21h
au « Sounds le 27 avril à 22h
© Jean-Pierre Goffin, le 11 mars 2019