Orchestra Nazionale Della Luna (J.P. Goffin)
O
Avatars - L’Autre Distribution
« Austerity » (avec João Lobo et Manolo Cabras, chez IGLOO), « Jazz for Kids » (avec Pascal Mohy et Sam Gerstmans, sur son label AVATARS), « God a t The Casino » (avec Valentin Ceccaldi et Sylvain Darrifourcq, sur BABEL LABEL), Manu Hermia multiplie les projets, et ce qui est incroyable, c’est qu’ils sont tous des terrains d’exploration intéressants, passionnants même.
Alors que dire du dernier né « Orchestra Nazionale Della Luna » ? D’abord qu’il ne s’agit pas d’un projet italien : le nom du groupe est né de l’inspiration très « second degré » du claviériste finlandais Kari Ikonen, un musicien que Manu Hermia a rencontré en Suisse. Ensuite qu’aux côté d’eux, se trouvent deux musiciens parmi les plus demandés de la scène européenne : le contrebassiste Sébastien Boisseau a déjà participé chez nous aux aventure de « Mâäk », et a développé ces derniers temps des projets à grande valeur ajoutée : avec Uri Caine, Jeff Ballard et Alain Vankenhove (le trompettiste qui a enregistré avec « Rêve d’Eléphant Orchestra »), avec Alban Darche, avec Joachim Kühn, ou encore Louis Sclavis, David Chevallier… Quant au batteur c’est chez nous que Manu Hermia le recrute : Teun Verbruggen, faut-il encore le présenter ?
L’album débute dans une ambiance décalée bien dans la ligne du nom du groupe, et « Itämerengue » donne le ton d’un album enlevé, énergique aux compositions écrites toutes sans exception avec une plume acérée où les mélodies semblent souvent tranchées au couteau. Loin d’un quartet « classique », les musiciens ajoutent des couleurs originales dans les sonorités, emploi du bansuri (que Manu maîtrise aussi parfaitement ici que dans ses projets « world ») et du moog, un instrument qui nous ramène à la musique des années 70. Kari Ikonen se révèle être un pianiste redoutable, à la fois virtuose, inventif et mélodique. Le jeu subtil de Sébastien Boisseau mérite une écoute toute particulière tant il « enveloppe » ses partenaires et provoque de constants rebondissements. Le groupe se dit très influencé par le quartet actuel de Wayne Shorter, une musique où l’éclatement des formes et la recherche constante d’ouverture composent un puzzle permanent et fascinant. Ceux qui croient que tout a été dit sur le quartet sax-piano-basse-batterie n’ont pas encore entendu « Orchestra Nazionale Della Luna » : ces quatre-là vont leur secouer les oreilles !
Jean-Pierre Goffin