Olivier Ker Ourio - Singular Insularity
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Bonsaï / CC Production
Le public belge a eu l'occasion d'entendre Olivier Ker Ourio, à diverses reprises, notamment en quartet avec Pierre de Bethmann, lors d'un Jazz à Liège ou, en duo intimiste, avec Manuel Rocheman, à la Boverie de Liège, dans le cadre de Jazz 04 au fil de l'eau. L'occasion de comprendre que l'harmoniciste né à Paris mais qui a grandi à la Réunion est le digne successeur de Toots: magnifique sonorité et parfait équilibre entre dynamisme et sensibilité, entre "un sourire et une larme".
Etabli à Paris depuis 1992, Olivier Ker Ourio a eu l'occasion de croiser la crème du jazz français: Sylvain Luc (album French songs), Didier Lockwood (Oversea), Emmanuel Bex (Perfect Match), Pierre de Bethmann (Oté l'ancêtre). Mais il a aussi côtoyé des Américains, comme David Kikoski (Central Park Nord) ou Ralph Towner (Siroko). Pour Magic Tree, il a convié Philip Catherine et, pour A ride with the Wind, il a accompli un de ses rêves: inviter Toots qui, à juste titre, ne fut pas avare d'éloges à son égard.
Pour Singular Insularity, il a décidé de convier différents musiciens d'Outremer. Au piano et au Fender, Grégory Privat, qui est né en Martinique et a notamment enregistré Family Tree, avec Linley Marthe. A la basse, Gino Chantoiseau, originaire de l'île Maurice. A la batterie, Arnaud Dolmen, originaire de Guadeloupe,et qui a notamment enregistré Tombé Lévé, avec Lionel Loueke. Aux percussions, le Cubain Inor Sotolongo qui a, entre autres, joué avec Omar Sosa et Roberto Fonseca. A la flûte, sur 4 plages, le Réunionnais Christophe Zoogonès et, au chant sur 3 titres, originaire de la Réunion lui aussi, Bastien Picot, qui a côtoyé Richard Bona.
Pour cet album, 10 compositions originales au travers desquelles .Olivier Ker Ourio veut revenir à ses racines créoles, à son attachement à l'Outremer. Et particulièrement à la Réunion: Kossassa qui évoque la naissance de sa vocation; Payanké en référence au Paille en queue, oiseau emblématique de l'île; Zenfants la Creuse, hommage aux Réunionnais déportés dans la Creuse pour la re-population; Souffler qui évoque Le Souffleur, site célèbre pour ses bourrasques; La Beaumarchais, clin d'œil à la chanteuse réunionnaise Laurence Beaumarchais; Ti Bird, en souvenir de Pierre Macquart patron du Jazz Club Ti Bird où Olivier a fait ses débuts et Râlé-Poussé, cette bagarre en créole de la Réunion, occasion d'un beau déferlement de percussions. Il rend aussi hommage au romancier J.M.G. Le Clezio, avec A bord du Zéta, ce bateau évoque dans Le Chercheur d'or. Quant au titre éponyme, il évoque la spécificité des musiciens ancrés dans les musiques traditionnelles de leur île.
Tout au long de l'album, on retrouve la sonorité pleine et franche de l'harmonica, portée par les rythmes chamarrés des percussions. Grégory Privat passe du piano (Payanké) au Fender (Zenfants la Creuse) et, parfois, mêle les deux (Kossassa). Christophe Zoogonès apporte de nouvelles couleurs avec la sonorité fluide de la flûte et Bastien Picot rend tout leur relief aux textes écrits par Ker Ourio.
Un voyage aux rythmes chatoyants.
© Claude Loxhay