New Old Luten Trio/Quintet/Septet (feat. Ernst-Ludwig Petrowsky) - Letzer Radau/Rabatz/Remmidemmi (CL)
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Euphorium Records
Ernst-Ludwig Petrowsky fait partie des figures de légende du free jazz est-allemand. Dans les années '90, on avait pu le découvrir, lors d'un Jazz au Château à Oupeye, au sein du mythique Zentral Quartett, en compagnie de Günter Baby Sommer (dm, perc), Ulrich Gumpert (p) et du tromboniste Conrad Bauer (ce Zentral Quartett avait aussi été programmé lors du Jazz!Brugge de 2004 mais avec Manfred Hering au saxophone).
On a aussi pu entendre Petrowsky avec le Globe Unity d'Alexander Von Schlippenbach, le Concert Jazz Band de Georges Gruntz ou l'European Jazz Ensemble du contrebassiste Ali Haurand, notamment pour At the Philharmonic Cologne, album de 1989 dans lequel il côtoyait, entre autres Enrico Rava, Manfred Schoof, Gerd Dudek et... Philip Catherine.
Depuis 2006, il a fondé New and Old Luten Trio, avec le pianiste Elan Pauer (il a croisé notamment Oliver Schwerdt, pianiste et percussionniste) et le batteur Christian Lillinger qu'on a pu entendre avec Tobias Delius (sax) , Simon Nabatov (p), Rudy Mahall (cl) ou Ronny Graupe (g).
C'est ce trio que l'on entend sur Letzer Radau!, mini CD de 23 minutes de musique dense et âpre enregistrée à Leipzig en 2017.
Letzer Rabatz présente une autre partie de ce concert de Leipzig, 46' 46" de musique improvisée enregistrée d'une seule traite, en compagnie de deux contrebassistes: John Edwards qui a côtoyé Joëlle Léandre, Charles Gayle ou Peter Brötzmann et Robert Landfermann qu'on a pu entendre avec les pianistes Joachim Kuhn et Pablo Held, mais aussi avec le trompettiste Axel Dörner et le saxophoniste Urs Leimgruber qui rejoindront Petrowsky pour la partie en septet.
Pour ce Letzer Rabatz, pas de thème mélodique, pas de structure thématique, un free jazz pur et dur qui sonne comme un cri de révolte. Une musique improvisée basée sur l'interaction entre l'alto, puis la clarinette et la flûte de Petrowsky et les deux contrebasses, l'une jouée en pizzicato, l'autre souvent à l'archet et avec parfois des tendances bruitistes (Elan Pauer au piano mais aussi aux percussions et "little instruments" en parallèle aux percussions multiples de Christian Lillinger).
Pour Letzes Remmidemmi, le quintet accueille en plus le trompettiste Axel Dörner et le saxophoniste suisse Urs Leimgruber. On a pu entendre le premier notamment lors d'un Jazz!Brugge, en quintet avec Alexander Von Schlippenbach (p) et Rudy Mahall (cl) pour le projet Monk Casino mais aussi avec Aki Takase (So long Eric, en hommage à Dolphy). Le second a été révélé par le quartet Om en compagnie du guitariste Christy Doran, mais aussi dans deux autres quartets, l'un avec Don Friedman, l'autre avec Joëlle Léandre.
Pour cette troisième partie de concert live, une musique improvisée sans autre repère que l'interaction entre les 7 musiciens, avec une volonté d'explorer les sonorités déchirées de l'alto (Petrowsky) comme du ténor ou du soprano de Leimgruber.
Non, le free jazz pur et dur n'est pas mort, une manière pour Petrowsky de fêter ses 81 ans...
© Claude Loxhay