New Old Luten Quintet - Letzter Tumult
N
Euphorium Records
Ce quintet est un bel exemple de la survivance du free jazz européen apparu à la fin des années '60: aspiration à une totale liberté d'improvisation mais aussi, en Allemagne de l'Est comme en URSS, aspiration à la liberté tout court.
Au saxophone alto et à la clarinette, Ernst-Ludwig Petrowsky qui, à 80 ans, garde toute la pétulance de ses débuts. Avec Konrad Bauer (tb), Ulrich Gumpert (p) et Günter Baby Sommer (dm), il est un des fondateurs du Zentral Quartett, formation légendaire du free jazz d'Allemagne de l'Est que l'on a pu voir lors d'un Jazz au Château d'Oupeye, dans les années '90, et au Jazz Brugge de 2004. Mais il a aussi fait partie du Globe Unity Orchestra d'Alexander von Schlippenbach, d'un Clarinet Summit avec Gianluigi Trovesi et Theo Jörgensmann, du Concert Jazz Band de Georges Gruntz, de l'European Jazz Ensemble, en compagnie de Manfred Schoof, Enrico Rava et... Philippe Catherine. Avec la vocaliste de cet European Jazz Ensemble, Uschi Brüning, il a enregistré, vraie déclaration de filiation, Ornette Et Cetera avec... Jean-François Prins. Et ce Letzter Tumult n'est pas le seul album du New Old Luten Quintet, en 2013 également, la formation a enregistré Big Pauer.
Outre avec ce quintet, Elan Pauer joue en trio avec Petrowsky et Christian Lillinger (White Power Blues) et, en quartet, avec le trompettiste Axel Dörner.
Le contrebassiste John Edwards a enregistré, en quintet, avec Evan Parker et accompagné les saxophonistes Charles Gayle et John Butcher.
Deuxième contrebassiste de la formation, Robert Landfermann apparaît, pour sa part, sur plusieurs albums Pirouet: en quartet avec le saxophoniste Sebastian Gille (Anthem) et, en sextet, avec le pianiste Pablo Held (Elders). Il a aussi joué, en quartet, avec Axel Dörner et le saxophoniste suisse Urs Leimgruber et, en trio, avec notre compatriote Frederik Leroux (g).
Quant à Christian Lillinger, il a joué avec Axel Dörner, Rolf Kühn (cl), Rudy Mahall (bcl) et Simon Nabatov (album Nicht ohne Robert), avec le guitariste Ronny Graupe (Spoon chez Pirouet) et a enregistré, à son nom, Grund, en septet, avec Tobias Delius (ts) pour Pirouet.
Pour ce Letzter Tumult, une seule plage, longue improvisation de 43 minutes.
Propulsé par les deux contrebasses, la batterie et percussions de Lillinger, comme le déluge de notes d'Elan Pauer (piano et piano préparé avec différents objets), Petrowsky fait preuve de toute sa vélocité de jeu, de son phrasé incisif et de sa sonorité déchirée à l'alto. Après 5 minutes 30, le déferlement s'apaise, Petrowsky s'efface pour laisser exulter le piano puis reprend le "tumulte" aux alentours de la 8e minute. A la 13e, la musique se calme à nouveau puis s'emballe avec un dialogue effréné entre les deux contrebasses. La musique s'apaise de nouveau à la 25e minute, Petrowsky passe alors à la clarinette. Cette alternance entre fureur et accalmie se prolonge jusqu'au bout, avec un retour au saxophone alto, aux environs de la 40e minutes.
Un bel exemple de ce que Gérard Rouy, collaborateur de JazzMag, appelle l'hyperfree.
Claude Loxhay