Mohy / Liègeois / Gerstmans - Session 53 (cl)
M
MLG
Pendant plusieurs années, un jeudi par mois à l'An Vert, Pascal Mohy, Quentin Liégeois et Sam Gerstmans ont proposé une "slow session" accueillant des invités et célébrant les grandes figures du jazz, comme ce concert dédié à l'album Undercurrent de Bill Evans et Jim Hall.
Après avoir joué la musique des autres, pourquoi ne pas proposer la sienne? C'est ce qu'ils ont fait en octobre 2020 à l'An Vert et ce qui fournit le répertoire de cette Session 53.
Si Pascal Mohy a beaucoup enregistré comme sideman (Houben & Son, Sal La Rocca Quartet, Mélanie De Biasio, Manu Hermia, Greg Houben et Pierrick Pierron), son seul album personnel Autumn 08 date de...2009.
Même chose pour Sam Gerstmans qu'on retrouve sur des albums de Michel Herr, Fred Delplancq, Fabrice Alleman, Jean-Paul Estiévenart, mais qui n'apparaît comme co-leader que dans Love Songs de Manu Hermia.
Quant à Quentin Liègeois, s'il a enregistré avec Greg Houben, Julie Mossay et Chrystel Wautier, il n'a pas encore gravé d'album à son nom.
© Alexis Kalut
Au répertoire, huit compositions de Pascal (de Wet Sun à In the Red, écrit en hommage à Red Garland, pianiste de Miles) et une de Quentin (Gioia), neuf titres enregistrés "à la maison" avec la complicité d'Alex Tripodi: une musique purement acoustique, sans batterie, du "live" pur et simple.
Ce qui frappe dès la première écoute, c'est la complicité entre les trois musiciens, l'interactivité, le partage des rôles. On retrouve, tout au long des titres, le grand lyrisme mélodique de Pascal (Wet Sun, Projection, ce Green Book inspiré par son petit livret vert dans lequel Pascal notait ses idées de composition), mais aussi cette faculté à accélérer le rythme avec un vrai sens du swing (Tripotico, Saké & Soba): un parfait équilibre entre sens mélodique et rythmique (il fallait voir, lors d'un concert du quintet de Sal La Rocca au Pelzer, l'oeil admiratif de Stéphane Belmondo en plein solo de piano).
Chez Quentin, on retrouve cette faculté de faire chanter la note, à la manière d'un René Thomas, ce chassé-croisé avec le piano, à la manière du duo Bill Evans- Jim Hall, comme ce lyrisme en solo.
Le tout assuré par l'assise rythmique implacable de Sam Gerstmans, lui aussi auteur de beaux solos comme sur Saké & Soba.
Un album qui est le fruit d'un long cheminement, en complète empathie.
© Claude Loxhay