MIKMÂÄK - # 2 (cl)
M
Igloo
Le nouveau MikMâäk vient de sortir chez Igloo, et non chez Werf: un retour au bercail pour Laurent Blondiau qui, avec Mâäk Spirit, avait enregistré Al Majmaâ, en 2004, pour le label bruxellois. Il est vrai que, depuis la mainmise de Kaap sur le label brugeois, celui-ci se concentre sur de jeunes groupes flamando-flamands, là où MikMâäk rassemble Bruxellois, Wallons, Flamands et Français.
Revoici donc l'équipe du bouillant Laurent Blondiau. Peu de changements par rapport à celle du premier album de 2015: 16 musiciens au lieu des 17 du début. Quelques changements d'abord au niveau de la section trombone/tuba: lors de cet enregistrement, pas de Michel Massot (pourtant présent sur l'une des photos de la pochette) et Geoffroy de Masure comme Niels Van Hertum cèdent leur place à Adrien Lambinet (Orchestre du Lion, Mâäk Kojo) et Frederik Heirman (BJO, Tuesday Night Orchestra). Ensuite au niveau de la rythmique: aux côtés de Fabian Fiorini, le Français Claude Tchamitchian (rencontré par Blondiau au sein du MegaOctet d'Andy Emler) cède sa place à Nathan Wouters (Sgt Fuzzy, NEST) et Samuel Ber (élève de Daniel Humair au Conservatoire de Paris) succède à João Lobo. Là où le Portugais jouait sur les couleurs, le leader de Pentadox joue à l'énergie et insuffle un autre dynamisme à l'orchestre.
MikMâäk, ce n'est pas un big band traditionnel avec des sections figées et rangées par étages mais un orchestre, souvent réuni en cercle, qui navigue entre jazz moderne, musique contemporaine et musique improvisée: un subtil équilibre entre "écriture et spontanéité" comme aime à le dire Guillaume Orti. C'est aussi un orchestre à la palette sonore très large: à côté des trompettes (Laurent Blondiau, Jean-Paul Estiévenart, Bart Maris), des saxophones (Guillaume Orti, Jeroen Van Herzeele, Bo Van der Werf, Grégoire Tirtiaux) et des trombones/euphonium et tubas (Adrien Lambinet, Frederik Heirman, Pascal Rouseau), une section de bois: flûtes (Pierre Bernard, Quentin Manfroy) et clarinettes (Yann Lecollaire) qui procurent d'autres couleurs à l'ensemble et multiplient les alliances sonores.
Enfin, c'est un projet au sein duquel chacun peut être soliste mais aussi compositeur: ici Fabian Fiorini, Laurent Blondiau, Guillaume Orti, Yann Lecollaire, Pascal Rousseau et Samuel Bert. Mais malgré cette diversité de compositions, l'album présente une parfaite homogénéité d'inspiration. Avec une telle équipe, la masse sonore est primordiale mais laisse des espaces à une succession de solistes. Particularité, les solos (espace d'improvisation) se développent toujours en opposition à la masse sonore de l'orchestre (espace d'écriture). Sur The ineffable story of Ronaldo Dumpt-y, les solos de piano puis de baryton et contrebasse s'articulent en parallèle à la masse sonore de l'orchestre.
Sur Yacin's tune, proche de l'esprit de Mâäk et de sa musique de transe, la trompette bataille face aux autres instruments et la flûte affronte trombone et tuba. Les compositions se développent en séquences successives: sur Bumper spacecraft, l'intro de trombone débouche sur un passage réservé aux autres cuivres, suivent des séquences piano/orchestre et trompette/orchestre. Même chose pour Discrétion illuminant la noire nuée, une intro de ténor/piano débouche sur des phases orchestrales mouvementées. Les alliances sonores se succèdent clarinette basse/tuba sur Eclat, baryton/clarinette basse sur Guyane, alto/flûte sur Zgru'n.
Voilà une des formations les plus originales, personnelles et inventives du paysage européen mais, avec des compositions aussi longues, on se doute que radio et télé ne feront pas chou gras de ce répertoire. Mais entend-t-on encore du jazz dans les medias. Alors il reste les albums et les concerts: à vous d'intervenir.
© Claude Loxhay
En partenariat avec
Concerts:
MikMâäk:
23 octobre 2019, Bruxelles Recyclart
25 octobre 2019, Gand, Handelsbeurs
13 février 2020, Bruxelles, Marni
Duo L. Blondiau-F.Fiorini:
22 novembre 2019, Liège, Pelzer Jazz Club