Matthieu Marthouret Bounce Trio - Contrasts
M
We See Music Records
Deuxième album du « Bounce Trio », un groupe initié par le pianiste/organiste/claviériste Matthieu Marthouret avec le batteur Gautier Garrigue et Toine Thys au sax-ténor et à la clarinette basse.
Pour « Contrasts », un invité vient se greffer sur neuf des douze pièces de l’album, le guitariste Serge Lazarevitch dont on a récemment apprécié le très réussi « FreeThree » avec Nic Thys (le frère de l’autre) et Teun Verbruggen. Bien dans la lignée de l’album précédent, « Contrasts » n’est pas un album d’organiste comme c’est souvent le cas dans la formule du trio, mais bien celui d’un vrai quartet à l’équilibre constant. Et si Matthieu Marthouret y est présenté comme le leader, c’est surtout pour son rôle de compositeur unique pour cinq titres et associé sur les quatre miniatures improvisées.
L’album s’ouvre sur une composition de Kenny Wheeler, « Kind Folk », que, sans avoir lu les références de la pochette, j’aurais attribué à Toine Thys pour ses variations harmoniques et pour son côté rythmique aux accents gracieusement africains . « It Should Have Been A Normal Day », en hommage aux victimes des attentats de Paris en janvier et novembre 2015, est une magnifique composition de Serge Lazarevitch déjà enregistrée sur l’album IGLOO « Free Three » et qui conserve ici toute son élégance et sa force.
« Bounce One » démontre le groove et le côté funky que le quartet peut développer sur scène, une pièce toute en brisures rythmiques et en énergie communicative. Alors que « Shine On You Crazy Diamond », une reprise du mythique Pink Floyd, s’ingénie à jouer avec la mélodie, les quatre pièces improvisées d’environ trente secondes chacune sont saisies sur le vif, comme de petits intermèdes déjantés. La gravité de la clarinette basse introduit « Victims », tout comme elle l’avait fait sur « It Should Have Been A Normal Day », avec un sens de la retenue qui colle à ces deux hommages, la voix de Nicolas Kummert apportant un supplément d’humain à cette pièce tout en recueillement. L’album se ferme sur « Bounce Ten » où les nappes de claviers superposées se jouent d’une rythmique étrange qui fait penser aux accents urbains et hip hop d’un Robert Glasper.
Dois-je vous dire que je suis tombé sous le charme des compositions contrastées de cet album où les solistes brillent sans faire de l’ombre à leurs partenaires ? C’est fait!
Jean-Pierre Goffin