Marc Ribot and The Young Philadelphians - Live in Tokyo
M
Yellowbird/ENJA
Que ce soit avec "Ceramic Dog", John Zorn ou en solo sur la musique haïtienne de Frantz Casseus (on pourrait aussi citer Tom Waits, McCoy Tyner, Elvis Costello, Norah Jones ou Diana Krall pour montrer l’éclectisme du gaillard !).
Marc Ribot est un musicien qui m’a toujours fasciné par l’originalité de son jeu et ses choix esthétiques. Alors qu’il soit au programme des Ardentes à Liège en juillet 2016 ne pouvait que me réjouir et m’envoyer pour la première fois sur les bords de Meuse (d’autant que le même jour se produisait "Snarky Puppy" et Kamasi Washington, deux des stars de ces derniers mois).
La déception fut grande: la sonorisation catastrophique du concert y était pour beaucoup, voire tout. L’instrumentation était certes difficile: la basse lourdement électrique de Jamaaladeen Tacuma et la puissance des fûts de G. Calvin Weston (la rythmique du "Prime Time" d’Ornette Coleman, rien moins!), la guitare acoustique de Mary Halvorson, le trio de cordes violon-alto-violoncelle, tout ça marié à la guitare sauvagement électrique de Marc Ribot, ce n’était pas de la petite bière (on n’était pas loin de chez Jupiler!) à équilibrer.
Le programme était pourtant alléchant pour tout qui a aimé la musique de Coleman et a dans sa jeunesse danser sur les "Silver Convention" Van McCoy, les Ohio Players ou Teddy Pendergrass, la crème du Philly sound, du Philly Soul, le son de Philadelphia, d’où le nom du groupe Young Philadelphians.
Alors ne restait plus qu’à se procurer le ‘live’ sorti chez Yellowbird/distribution ENJA pour rattraper le morceau. Et bien, ce ‘live’ ravageur vaut le détour! Ouverture chantée sur "Love Epidemic" des Trammps, "Fly Robin Fly", "Love Rollercoaster", Ribot mixe le 'dance floor' de la musique noire avec l’énergie colemanienne et les traits classiques du trio à cordes. On est saisi par le groove de la basse de Tacuma, la frappe sourde de Weston, les digressions de Mary Halvorson (qu’on entend ici clairement…), c’est très dansant, décapant et jouissif.
Si cette sortie a bientôt un an, ce n’est pas une raison pour se priver de cet hommage ravageur à la musique de Philly.
Jean-Pierre Goffin