Luca Aquino & Jordanian National Orchestra - Petra

Luca Aquino & Jordanian National Orchestra - Petra

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TAGH Records - Bonsai

Le grand public connaît avant tout Luca Aquino pour sa participation, depuis 2012, au quartet de Manu Katché, en compagnie du saxophoniste scandinave Tore Brunborg (albums Live in Concert et Unstatic). Mais la carrière de ce trompettiste né à Benevento en 1974 ne se limite pas à cette collaboration avec Katché.

Passionné par la sonorité de Miles et de Chet, mais aussi par les recherches de Jon Hassell, Aquino a pris des cours avec Paolo Fresu. En 2007, il a enregistré Sopra le Nuvole, puis Lunaria, avec, en invités, Roy Hargrove et la chanteuse Maria Pia De Vito (une des trois voix du projet One Heart, Three Voices de David Linx). Très attiré par la musique populaire traditionnelle, il a enregistré aQustico avec l'accordéonniste  Carmine Ioanna et a formé un trio à l'instrumentation originale, avec ce dernier et le flûtiste Sergio Casale que l'on retrouve ici. Et, dès 2009, il a aimé mettre au point des projets dans des sites naturels, pour des raisons d'acoustique et de réverbération du son: se sont ainsi succédé Amam, enregistré dans un bain turc de Skopje, TSC dans une église au Pays-Bas et Icaro Solo dans l'église de Benevento.

Le voici dans un autre projet ambitieux: une création musicale résultant d'un projet conjoint entre le bureau de l'UNESCO à Amman, dans le cadre de l'action #Unite4Heritage, Talal Abu-Ghazaleh International Records, l'Orchestre National Jordanien et les autorités de Petra: "L'enregistrement d'un album en Jordanie entouré par les couleurs du désert, dans les réverbérations du site archéologique de Petra a toujours été un rêve pour moi, un rêve enfn devenu réalité. Une expérience mystique que j'ai partagée avec une grande équipe cosmopolite, composée de nationalités différentes, apparemment éloignées l'une de l'autre mais unies dans le désir de s'exprimer à travers la musique." (L.Aquino)

L'Orchestre Natioanl de Jordanie rassemble effectivement des nationalités très différentes, au sein d'une sorte d'orchestre de chambre: la violoniste allemande Anna Maria Matuszczak, l'altiste arménien Vardan Petrosyan, le contrebassiste syrien Bassem Al Jaber, le hautboïste roumain Laurentiu Baciu et le percussionniste américain Brad Broomfield qui entourent les trois italiens Luca Aquino (tp), Sergio Casale (fl) et Carmine Ioanna (acc).

Une manière, en ces temps d'intolérance et de repli sur soi, de montrer comment la musique peut véhiculer un message d'harmonie et de paix, au travers d'une véritable diversité culturelle.

Pour ce projet, Luca Aquino a écrit huit compositions originales, auxquelles s'ajoute Smile de Charlie Chaplin (un des thèmes fétiches de Toots, "entre un sourire et une larme"), soit neuf plages arrangées par Sergio Casale, qui, en dehors du trio d'Aquino, a collaboré avec le guitariste Batista Lena (album I Cosmonauti Russi).

L'album s'ouvre tout en douceur sur Dead Sea Moon, joué en solo, avec une sonorité feutrée et se poursuit avec Smile, gorgé d'émotion sur fond de cordes. Aquino reprend ensuite aQustico, avec une intro de contrebasse jouée à l'archet et dont l'accordéon entraîne la mélodie sur un tempo plus vif, plus allègre: on pourrait penser à certaines pièces de Nino Rota ou Gianluigi Trovesi avec Gianni Coscia à l'accordéon. Vient ensuite Petra, la mélodie la plus ensorcellante de l'album, une vraie perle de sensibilité, avec pizzicati, flûte, accordéon, cordes et bugle au charme magnétique. Wadi Rum et Baciu sont introduit par l'ensemble de l'orchestre, sur un tempo plus lent, presque solennel. Le rythme s'accélère avec Bedouin Blues 3.0, avec un beau solo de trompette, galvanisé par les percussions de Broomfield. Sur Ninna Nanna x PG, une berceuse à l'image de celle reprise par Fresu sur l'album Heartland (Ninna Nanna Pitzinnu), Aquino siffle la mélodie pour poursuivre dans une belle alliance sonore entre trompette, hautbois et flûte, comme pour la dernière plage Amman.

Les compositions d'Aquino comme les arrangements de Casale utilisent, avec beaucoup de science, la riche palette sonore de cet octet tout en nuances, à l'image d'un arc-en-ciel.

Claude Loxhay


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