Louis Sclavis - Characters on a Wall
L
ECM/Newartsint.
Avant tout, on aurait aimé vous laisser lire le beau texte écrit par Stéphane Olivier qui à lui seul rend dispensable toute chronique. Mais pour le lire, il vous faudra acheter le CD, et c’est très bien ainsi à une époque où la musique téléchargée ne donne que peu, voire pas de commentaires sur la musique que vous écoutez.
Stéphane Olivier, donc, nous parle de l’intérêt que Louis Sclavis porte à l’image, en rappelant bien sûr sa collaboration avec le photographe Guy Le Querrec, mais aussi son intérêt pour l’œuvre du niçois Ernet Pignon-Ernest, véritable précurseur de l’art urbain qui avait déjà inspiré « Napoli’s Walls », album où le clarinettiste traduisait sa vision des œuvres de l’artiste sur les murs de Naples.
Avec « Characters on a Wall », Louis Sclavis aborde l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest différemment : alors que sur « Napoli’s Wall », il s’agissait de se concentrer sur un lieu, Naples, ici Sclavis aborde des œuvres différentes qui couvrent la carrière de l’artiste. Et ce qui rend une nouvelle fois indispensable l’achat de l’album, ces œuvres sont reprises dans le livret… dans lequel le clarinettiste insiste aussi sur la forme prise ici par la musique : alors que « Napoli’s Wall » se voulait plus électrique et improvisé, « Characters on a Wall » proposent huit compositions, cinq du leader, une du pianiste Benjamin Moussay et deux « Esquisses » attribuées aux quatre membres de l’ensemble. Un quartet classique – piano, contrebasse, batterie, souffleur – auquel Louis Sclavis ne nous avait pas habitué. Outre le raffiné Benjamin Moussay au piano déjà cité, les invités sur ce projet sont Christophe Lavergne – partenaire de Sylvain Cathala dans le trio qu’on a eu la chance de voir chez nous – et Sarah Murcia –aussi entendue dans le même trio -, une musicienne très active sur la scène française avec Jacques Higelin notamment, mais aussi dans le milieu jazz avec Magic Malik.
Avec ces nouveaux partenaires et leur apport cent pour cent acoustique, on a l’impression que Louis Sclavis fait sonner ses clarinettes avec une émotion encore plus forte, que ce projet, autant que la traduction d’une vision des œuvres d’Ernest Pignon-Ernest, nous emmène dans un monde onirique mêlé de jazz, d’influence orientale, de classique avec une subtilité de tous les instants. Alors, bien sûr, lisez et relisez le texte de Stéphane Olivier, et écoutez et ré-écoutez ad lib ce magnifique album de Louis Sclavis, à mes yeux un de ses chefs-d’œuvre.
Concert le 24 novembre à 14h à Flagey, précédé, à 11h, d’une conférence de Manfred Eicher ( modérateur Patrick Bivort)
© Jean-Pierre Goffin
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