L'Ame des poètes - Le Métèque
L
Igloo
Après un premier album, en 1992, avec un répertoire allant de Trenet à Piaf, L'Ame des Poètes a célébré Brel, Brassens, les chanteurs belges, les Prénoms d'amour, L'interview Brel-Brassens-Ferré.
Voici que le trio acoustique propose son neuvième album, avec un nouveau thème de départ: la diversité d'origine des interprètes de la chanson française, et, avec, comme point de départ, la chanson Le Métèque de Georges Moustaki.
Comme aiment à le souligner les trois complices, "métèque", mot d'origine grecque, n'avait, au départ, aucune connotation péjorative, ayant pour seule signification "qui a changé de résidence, de maison" ("oikos", la maison, comme l'indique le dictionnaire d'A Bailly). Seule compte cette diversité culturelle héritée de ses origines. A une époque très férue d'"identité", ce n'est pas innocent.
Avec ce nouvel album, on fait un petit tour du monde: le "grec" Georges Moustaki (Le Métèque), l'Italien Ivo Levi (Yves Montand: La bicyclette), le Guadeloupéen Henri Salvador (Dans mon île), le Néerlandais Dick Annegarn (Bruxelles), l'Américaine Joséphine Baker (J'ai deux amours), l'Arménien Charles Aznavour (La mamma), le Libanais Louis Chedid (T'a beau être beau), l'Italo-Egyptienne Dalida (Bambino, adaptation de Guaglione), les Canadiens de Beau Dommage (La complainte du phoque en Alaska).
Ce qui frappe, dès la première écoute, c'est la pureté acoustique du son, que ce soit la guitare limpide de Fabien Degryse, la contrebasse fluide et mélodique de Jean-Louis Rassinfosse ou le soprano allègre de Pierre Vaiana.
Ce voyage, c'est aussi l'occasion de se replonger dans ses souvenirs, de retrouver des mélodies qu'on avait oubliées/oblitérées, que ce soit Marie-Jeanne - Ode à Billie Joe ou ce Galérien chanté par Mouloudji. Dans les années '50, au marché du Pont de Seraing, entre les échoppes, se tenait une sorte de "saltimbanque" qui vendait de grands feuillets colorés, remplis de textes de chansons (la version papier du karaoké). Parmi celles-ci, ce Galérien qui peut intriguer un gamin de dix ans:
"Je m'souviens ma mère m'aimait
Et je suis aux galères
Je m'souviens ma mère disait
Mais je n'ai pas cru ma mère"
Un autre intérêt est de se pencher sur les arrangements espiègles apportés à chaque chanson, des arrangements qui procurent souvent des effets de surprise.
Et alors, se demanderont certains, les lèvres pincées: "Jazz ou pas jazz?" "Quand la musique est bonne", répond Jean-Jacques Goldman.
© Claude Loxhay