Joachim Caffonnette Extended - Bittersweet Times
J
Hypnote Records
Détrompez-vous : si la couverture de l’album montre un pianiste-compositeur-arrangeur tourmenté et aux prises avec les affres d’une partition, la musique de Joachim Caffonnette, si elle est pensée, étudiée, est un plaisir à l’écoute.
Bien sûr, le titre de l’album est à l’image d’un pianiste dont la musique doit avoir du sens – son opus précédent « Vers l’Azur Noir » était dédié aux migrants – et les courtes réflexions qui suivent chaque titre contiennent cette petite dose d’amertume propre au pianiste. Pour ma part, je retiendrai surtout le plaisir que m’a provoqué l’écoute – les écoutes – de « Bittersweet Times ».
Commençons par le début et le line-up inédit de « Extended », car il s’agit bien ici d’une version étendue du trio, formule à laquelle nous avait habitué le pianiste, mais cette fois avec des « nouveaux venus » sur la scène belge : Joachim Caffonnette a en effet profité du séjour à Bruxelles de deux musiciens américains dont on reparlera. J’avais déjà eu l’occasion de découvrir l’intensité, le drive du drumming de Noam Israeli lors d’un concert dinantais aux côtés d’Igor Gehenot – un vrai batteur de la tradition américaine au feeling dominant -, on le retrouve ici avec le contrebassiste Jasen Weaver, le bien nommé tant son jeu tisse une toile confortable derrière le pianiste. Et le pianiste ne s’arrête pas à une rythmique inédite, il y ajoute trois souffleurs réunis sur trois pièces de l’album, plus le trompettiste sur une quatrième. Trompette (Hermon Mehari), trombone (Edouard Wallyn) et flûte alto et basse (Quentin Manfroy) amènent un décor sonore velouté et subtilement dosé, et le trompettiste à la sonorité rauque se montre particulièrement lyrique sur « Nostalgie du Futur ».
« Endless Dreams » démarre sur une intro aux parfums classiques, on pense à l’école impressionniste, avant que le thème ne devienne orchestral avec les souffleurs, une superbe composition. Que Joachim soit un musique influencé par la tradition du jazz, on le confirme avec une reprise enjouée et swingante de « On Green Dolphin Street » en trio, tout comme sur « Presidential Blues », un morceau sans doute influencé par Bud Powell. Voici donc un disque qui tout en contenant les ingrédients de la tradition – belles mélodies, improvisation, swing redoutable par moments – dévoile des facettes plus contemporaines pour lesquelles les parties des souffleurs sont clairement déterminantes.
Sans doute l’album le plus abouti du pianiste à ce jour.
© Jean-Pierre Goffin
Une collaboration JazzMania/Jazz’halo