Jamie Saft/Steve Swallow/Bobby Previte + guest: Iggy Pop - Loneliness Road
J
RareNoise Records
Le nom de Jamie Saft n’est pas étranger aux fidèles des productions de John Zorn: le claviériste a participé à plusieurs albums d’Electric Masada, aussi à une série de galettes de la série ‘Filmworks’.
On le retrouve également sur l’album ‘Keystone’ de Dave Douglas qui couple la bande-son et le film muet de Roscoe Arbuckle. Dans sa plongée dans l’éclectisme absolu, on le retrouve aussi sur un album des ‘Beastie Boys’, des projets noise metal et dans la composition de musiques de films.
C’est sa participation au nouvel opus de Youn Sun Nah qui m’a fait explorer sa discographie personnelle plus profondément. Et là, on découvre un trio – avec Steve Swallow et Bobby Previte - qui en 2014 sortait ‘The New Standard’, aucun standard pourtant mais des compositions personnelles dans l’esprit des standards. En trio aussi, mais cette fois avec Greg Cohen et Ben Perowski, un album chez Tzadik paru en 2006 consacré à des compositions moins connues de Bob Dylan. Tout ceci pour dire qu’on a un peu trop cantonné Saft dans un univers avant-gardiste alors qu’on le savoure aussi dans un jeu où apparait la quintessence de la mélodie des compositions.
C’est bien encore le cas ici avec ‘Loneliness Road’ avec une nouvelle fois Steve Swallow et Bobby Previte, plus un invité surprise Iggy Pop sur trois morceaux co-écrits par l’ex-chanteur des Stooges et Jamie Saft.
Douze thèmes qui sonnent comme des chansons et dans lesquelles on pourrait par moments retrouver diverses influences de l’American Songbook. ‘Ten Nights’ ouvre l’album avec ce côté assumé de standard américain, enlevé et joyeux, alors que la majorité des thèmes seront plus dans l’esprit de ballades à la fois mélancoliques et délicieusement introspectives, seul ‘The Barrier’ et ‘Henbane’ offrent des tempos rapides. On sortira du lot ‘Pinkus’, un superbe blues où la basse électrique de Steve Swallow nous gratifie d’un solo de velours.
Quant aux trois thèmes chantés, la voix de vieux crooner assoupi leur donne un charme certain. Au-delà de la surprise causée par ce line-up inédit, on se concentrera aussi sur Bobby Previte, un batteur qu’on entend peu et dont on savoure avec délectation le jeu sourd sur les toms et l’à-propos d’un jeu discret et efficace.
Jean-Pierre Goffin