Humair/Blaser/Känzig - 1291
H
Outnote Records
Un échange trombone-contrebasse ouvre ce thème qui dès le départ incite à saisir la curiosité d’un musicien à l’ouverture musicale étonnante : ‘One Step Original Dixieland’ provient du tout premier disque de jazz enregistré par un orchestre blanc, Blaser y mêle esprit fanfare et liberté de traitement non sans un certain humour.
‘Guggisberglied’, un chant folklorique suisse du 18e siècle repris dans de nombreuses versions en Suisse – dont celle de Stefan Eicher ! – sonne comme un blues mélancolique traduisant la nostalgie du pays. Sans transition, arrive ‘Les Oignons’ de Bechet et son thème bien connu joué au trombone sur les variations de caisse claire et de cymbales de Daniel Humair. ‘Grégorien à Saint Guillaume de Neufchatel’ , un chant grégorien du 12e siècle s’articule sur un duo contrebasse-trombone.
‘Belafonte’, une composition de Samuel Blaser, souvenir de ses écoutes d’enfance de la musique de Harry Belafonte, joue sur les sonorités de sourdines qui donnent au morceau une couleur bluesy. Sur ‘7even’ le jeu jubilatoire de Daniel Humair est saisissant de bout en bout comme si Heiri Känzig avait écrit le thème pour lui.
Et puis il y a Kid Ory dont la musique plane sur tout l’album : ‘High Society’, seule pièce qui dépasse les six minutes avec un superbe solo de Heiri Känzig soutenu rythmiquement par un Daniel Humair en super forme, ‘Ory’s Creole Trombone’ ou la co-composition ‘Ory’ Original Creole Dixieland Trombone One Step’, des pièces qui baignent dans une tradition complètement respectée dans l’esprit.
On retrouve ‘Jim Dine’, une composition de Humair sortie sur l’album "Full Contact" avec Joachim Kühn et Tony Malaby et plus récemment avec Vincent Lê Quang et Stéphane Kerecki sur "Modern Art" (2017).
Dernier clin d’œil à leur pays natal, Blaser, Humair et Känzig reprennent le ‘Cantique suisse’, hymne national récent d’un pays dont les fondations remontent à 1291, d’où le titre de cet étonnant album, fait d’esprit libertaire, de respect de la tradition, d’humour, de finesse et d’énergie, et d’une grande originalité comme tout ce à quoi touche le tromboniste.
© Jean-Pierre Goffin
Une collaboration Jazz’halo / Jazz@round