Henri Texier: Dakota Mab (Live at Theater Gütersloh)
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Intuition
L'album Dakota Mab, enregistré live au Theater Gütershoh, fait partie de la série European Jazz Legends du label allemand Intuition: une dizaine d'enregistrements à ce jour, d'Enrico Pieranunzi à Michel Portal, en passant par Alexander von Schlippenbach ou Gunter Baby Sommer.
Pas étonnant de trouver Henri Texier dans cette collection: lui qui a côtoyé la crême du jazz américain, de Phil Woods (European Rhythm Machine) à Joe Lovano, en passant par Lee Konitz, Kai Winding ou Paul Motian, mais aussi le gratin de la scène européenne, de George Gruntz à Enrico Rava, et française, de François Jeanneau à Michel Portal ou Louis Sclavis. Sans compter les meilleurs guitaristes (Philippe Deschepper, Noël Akchoté, Manu Codjia, N'Guyên Lê) et les meilleurs batteurs (Daniel Humair, Aldo Romano, Tony Rabeson, Christophe Marguet ou Louis Moutin).
En 2013, les Texier, père et fils, sont invités pour un concert à la péniche parisienne L'Improviste, l'occasion de reprendre une série de compositions anciennes. Henri Texier décide de former le Hope Quartet: au saxophone alto et aux clarinettes, son fils Sébastien, au saxophone baryton, François Corneloup, qui avait déjà fait partie du Sonjal Septet et du Strada Sextet et, à la batterie, Louis Moutin, une vieille connaissance souvent croisée dans les clubs parisiens mais avec qui il n'avait pas encore enregistré. Au répertoire de cet album, d'anciennes compositions.
Le concert de novembre 2015 en Allemagne sera enregistré avec le même quartet mais Henri Texier a alors en vue un nouveau répertoire dédié aux amérindiens et qui, en février 2016, fera l'objet de l'album Sky Dancers, enregistré lui en sextet: le guitariste Nguyên Lê et le jeune pianiste Armel Dupas se joignent aux quatre piliers du Hope Quartet.
Au répertoire de ce concert allemand, cinq compositions qui seront reprises sur l'album Sky Dancers (Hopi, Mic Mac, Dakota Mab, Navajo Dream, Comanche), mais aussi O Elvin joué notamment sur l'album At L'Improviste et Sueño Canto, enregistré en 2011, avec le Nord-Sud Quintet qui réunissait Sébastien Texier, l'Italien Francesco Bearzatti, Manu Codjia et Christophe Marguet.
L'album allemand s'ouvre sur une nouvelle version de O Elvin, hommage à Elvin Jones, avec saxophone baryton et clarinette, chacun s'exprimant ad libitum, comme le permet un enregistrement live. Suivent Hopi, avec clarinette volubile et baryton autoritaire, Mic Mac et Dakota Mab, beaux dialogues entre saxophones alto et baryton, Navajo Dream, un solo de contrebasse, Commanche et Sueño Canto, de nouveaux palpitants dialogues entre alto et baryton, que complète une interview de 7 minutes.
Tout au long, que ce soit dans des solos vertigineux ou de superbes intros, Henri Texier allie rondeur de son, puissance rythmique et sensibilité mélodique: un soliste et un compositeur d'exception, l'un des rares qu'on puisse identifier dès les premières notes, un grand musicien et un véritable "honnête homme" citoyen du monde.
Claude Loxhay