Gueorgui Kornazov "Horizons" Quintet - The Budapest Concert
G
BMC
En 2008, Henri Texier présentait son Strada Sextet au festival Jazz Brugge: un des plus palpitants concerts donnés dans la grande salle du Concertgebouw. Au trombone, Gueorgui Kornazov et, à la guitare, Manu Codjia. On les retrouve tous les deux au sein de cet Horizons Quintet. Né en Bulgarie en 1971, Gueorgui Kornazov est arrivé en France dès 1995. Il a joué avec Louis Sclavis et Jean-Marie Machado, a fait partie du Strada Sextet, aux côtés de Sébastien Texier (cl, ss) et de François Corneloup (bs), du tentet du pianiste Hervé Sellin mais aussi du Vienna Art Orchestra.
Il a aussi fondé son Horizons Quintet avec lequel il a déjà gravé l'album Viara en 2008 pour BMC. A la guitare, on retrouve Manu Codjia de l'Orchestre National de Jazz, sous la direction de Paolo Damiani, du Baby Boom de Daniel Humair comme de Moniomania, la formation de Christophe Monniot: un des guitaristes français les plus sollicités du moment. Au soprano, Emile Parisien, l'une des coqueluches de la nouvelle scène française: leader d'un quartet avec le pianiste Juilien Tuery, il a enregistré avec l'accordéoniste Vincent Peirani et, en quartet avec Stéphane Kerecki, l'album Nouvelle Vague. Ici, il engage de belles joutes avec les sonorités ondoyantes de la guitare et les growls nerveux du trombone.
La rythmique est constituée de deux musiciens d'expérience. A la contrebasse, Marc Buronfosse, élève d'Henri Texier mais aussi de Gary Peacock et Marc Johnson à New York. Il a notamment enregistré avec Bojan Z et Sylvain Beuf: un contrebassiste à la sonorité ronde (un beau solo sur Veronique). A la batterie, le Canadien Karl Jannuska. Elève de Tom Rainey à New York, il a enregistré avec Lee Konitz, François Théberge, Kenny Wheeler et Sheila Jordan.
Au répertoire, rien que des compositions originales du leader: une alternance entre mélodies festives aux rythmes colorés (Na Toni, Veronique) et mélodies planantes avec longue introduction de la guitare (Children's song). Enfin une Budapest Suite dont les six mouvements s'imbriquent les uns dans les autres. A la mélodie langoureuse de Pleveli, vient se fondre un rythme de tango impulsé par la contrebasse (Tango de Mars), rampe de lancement pour un beau passage de trombone joué avec sourdine, puis le rythme sautillant de Balkan Spirit avec une belle envolée du soprano. Cry puis Feux permettent de fulgurants déchirement free pour s'apaiser, en finale, avec Love Song.
Tout au long de l'album, on se délecte du gros son gras de Gueorgui Kornazov (un peu dans la lignée de Roswell Rudd), avec une maîtrise parfaite de la technique des multi-sons chère à Albert Mangelsdorff (Veronique, Cry): un jeu polyphonique qui consiste à jouer une note tout en chantant une autre simultanément. Ce concert enregistré live lors du Jazz Forum Festival de Budapest en septembre 2011 est ponctué d'une fougueuse salve d'applaudissements. Voilà bien l'un des albums les plus passionnants de ces derniers mois.
Claude Loxhay