Ghalia Benali & Mâäk - MwSoul
G
WERF RECORDS
Voici un album né d’une double rencontre.
Née à Bruxelles en 1968, Ghalia Benali a passé son enfance en Tunisie. Attirée par la musique égyptienne, particulièrement par la véritable icône qu’était Oum Kalthoum, mais aussi par la musique de Syrie et d’Irak, elle se dirige vers le chant. De retour en Belgique, elle rencontre, en 1989, le Tunisien Moufadel Adhoum, un joueur d’oud (ce luth oriental), un musicien qui, de son côté, fondera le groupe Hijaz, formation à géométrie variable qui comptera dans ses rangs le pianiste Niko Deman, le contrebassiste portugais Rui Salgado, l’Arménien Vardan Hovanissian au doudouk (une sorte de hautbois) et Chryster Aerts à la batterie. D’autre part, fin des années 1990, Ghalia Benali fera partie d’une des formations éphémères de Mâäk Spirit : Laurent Blondiau (trompette), Jeroen van Herzeele (saxophone ténor), une rythmique et deux chanteuses, elle-même et Anne Vander Plassche qu’on retrouvera sur le projet « Worlds » d’Erwin Vann.
Après son spectacle Roméo et Leila de 2006 et son album « Ghalia Benali Sings Oum Kalthoum », en compagnie de Moufadel Adhoum, Vincent Noiret (crontrebasse) et Feras Hassan (percussions), voici «MwSoul», projet pour lequel Ghalia Benali réunit Moufadel Adhoum (oud) et l’actuel quintet de Mâäk : Laurent Blondiau, Guillaume Orti (saxophone alto), Jeroen van Herzeele, Michel Massot (trombone, sousaphone) et João Lobo (batterie).
Sur les 11 plages de l’album, quatre textes sont signés par Ghalia Benali (Bonding, Upon A Time, Last Embrace et Crystal Tears), les autres ont été écrits par des poètes et chanteurs originaires d’Egypte, Syrie, Irak et Arabie Saoudite. La chanteuse tunisienne a mis le tout en musique et Mâäk a conçu l’arrangement pour « brass ». Une manière de jeter des ponts entre Orient et Occident, au travers d’un beau brassage culturel et musical.
D’une plage à l’autre, on retrouve la voix grave et ondoyante de Ghalia Benali, tantôt dans un registre plainitif (MwSoul-in), avec intro d’oud (The Fortune Teller) ou de trombone (Two Hearts), tantôt dans un registre plus léger, plus allègre (Antidote avec intro d’oud suivie par la trompette bouchée, Last Embrace lancé par l’euphonium et l’oud). Sur Upon A Time, Ghalia Benali sussure le texte sur fond d’oud que suit la masse compacte des souffleurs. A d’autres moments, le rythme s’accélère dans une atmosphère tournoyante dominée par les cuivres (Bonding avec intro de sousaphone, No Anger propulsé par la trompette et les saxophones ou ce Crystal Tears, la seule plage chantée en anglais). Mais toujours avec un bel équilibre entre voix, oud, percussions et souffleurs.
Une constante au niveau des textes dont le livret propose la traduction en anglais, le thème de l’amour comme « antidote », l’amour au-delà des différences et des tensions, comme le dit le texte de l’Egyptien Abdalla Ghoneem: « Connection is lost but love is connected…ways are interrupted, love still wanders in the heart ».
La musique comme reflet d’une âme.
Claude Loxhay
Article publié par jazzaround