Eve Beuvens - Inner Geography
E
IGLOO Records
Pour les trente ans de son label, IGLOO avait eu l’idée de publier plusieurs albums de jeunes musiciens parmi lesquels « Noordzee » d’Eve Beuvens , un trio additionné d’un saxophoniste-clarinettiste, Joachim Badenhorst, où on découvrait une musicienne sensible et créatrice d’atmosphère.
A suivi un projet tout à fait différent, initié par une carte blanche au Gaume Jazz, tout comme la sortie qui nous occupe aujourd’hui. Ensuite, lorsque nous évoquions le précédent projet de la pianiste, « Looking Forward » avec le saxophoniste Mikael Godée, nous parlions de son plus beau projet à ce jour. Avec ce solo, il s’agit sûrement de son album le plus personnel, celui qui touche le plus profondément à la personnalité d’Eve Beuvens. Le projet qui sort ce mois-ci révèle une pianiste à la sensibilité profonde.
« Inner Geography » touche sans doute le plus à la personnalité de la musicienne et sublime un toucher délicat et atmosphérique. Dès les premières notes de « Phagocyte », la résonance du Steinway du studio de Daniel Léon nous submerge d’émotion, le jeu de pédales sonne comme un écho d’une ampleur sombre et mystérieuse. Compositions-improvisations personnelles suggèrent un parfaite constance d’atmosphère que l’on retrouve aussi dans une reprise magnifique de « Jolene » de Dolly Parton qui joue plus sur l’intimité du thème que la version originale. On sent les influences assimilées d’un Bill Evans, ou d’Ellington ( « Caravan » se dévoile au bout d’une improvisation déjà marqué de l’esprit ellingtonien) de Dollar Brand sur « Rain Drops Moving on a Window », de Schönberg ou du pianiste japonais Masabumi Kikuchi.
Aucun effluve de notes, de passage virtuose, tout l’art d’Eve Beuvens réside en sa capacité à transmettre des émotions par la délicatesse, la finesse de son toucher qui nous plonge dans son univers à la fois simple et imagé.
Des images que les titres des compositions inspirent, et que la pianiste laisse sur un titre à l’appréciation de l’auditeur : « Your Own Title to this Song ».
© Jean-Pierre Goffin
Une collaboration JazzMania / Jazz’halo