Eric Séva Trio - Résonances
E
Laborie Jazz / Outhere Music
« Je n’ai pas le sentiment d’appartenir à une musique mais d’être inspiré par toutes les musiques dans un besoin constant « d’itinérance sonore ». Qu’elles soient savantes, populaires ou traditionnelles ces musiques nourrissent un nomadisme artistique dont l’écriture et l’improvisation sont le fil rouge de ces conversations que j’aime partager avec le public. »
Dans ce texte d’Eric Séva, quasi tout est dit, de sa musique, de son parcours qu’il débute dans les bals populaires du dancing tenu par ses parents – cette pulsion rythmique et ce sens mélodique qu’on retrouve dès les premières notes de « Les Roots d’Alicante » - et de la diversité de ses projets ou collaborations : ainsi, traces de ses bals populaires, trouve-t-on à plusieurs reprises des accordéonistes dans ses groupes (Daniel Mille dans le récent « Mother of Pearl » ou Lionel Suarez dix ans plus tôt). Il y a aussi l’attachement d’Eric Séva au blues avec « Body and Blues » en 2017, voire même au rock lors de sa participation à l’ONJ et l’hommage à Led Zeppelin sous la direction de Franck Tortilier avec « Close to Heaven ».
Avec un tel parcours, loin de se disperser, Eric Séva a privilégié la rencontre, le métissage des cultures, ce qui est une nouvelle fois le cas sur « Résonances ». Avec Jean-Luc Di Fraya à la batterie, percussions, cajón et voix et Kevin Reveyrand à la basse, il nous emmène en voyage des embruns d’Alicante à la « Canopée » finale, dessinant de sublimes paysages sonores aux saxes ténor et soprano (à noter qu’ici Eric Séva délaisse le baryton qu’il a régulièrement utilisé dans des albums précédents).
L’album balance entre douces mélodies rêveuses et envolées dynamiques comme dans le titre éponyme « Résonances » que clôture la voix apaisante de Jean-Luc Di Fraya. Le subtil jeu de basse électrique de Kevin Reveyrand traverse chaque pièce avec discrétion et élégance – écoutez le solo sur « Le Village d’Aoyha ». Elégance et lyrisme définissent aussi la tendre composition de Kevin Reveyrand « Reason of Heart », seule morceau qui ne soit pas du saxophoniste. « Triple Roots » comme son nom l’indique mêle les multiples racines croisées de trois musiciens dont la connivence et la proximité sont prégnantes de bout en bout.
Un album de voyages bienvenu par ces temps de sédentarité forcée.
© Jean-Pierre Goffin
Une collaboration JazzMania / Jazz’halo