Enrico Rava - Edizione Speciale
E
ECM / Outhere rec.
« Le live et le studio, ce sont deux façons de voir la musique. » nous disait Enrico Rava deux heures avant le concert anversois. C’était en août 2019 et voici que ECM en sort deux ans plus tard le témoignage dans son intégralité (du moins pour ce que je m’en souviens).
Le trompettiste s’entoure d’une fameuse bande de « secoueurs de cocotiers », histoire de confronter ses quatre-vingt printemps (quelques jours plus tard, le 20 août) à la jeunesse du jazz italien : Francesco Bearzatti au ténor (et non Gianluca Petrella, fidèle trombone de son quintet), le petit nouveau Francesco Diodati à la guitare, Giovanni Guidi au piano, Gabriele Evangelista à la contrebasse et Enrico Morello à la batterie.
Si Rava s’est surtout illustré à la trompette, c’est au bugle qu’il s’exprime ici comme il l’avait déjà fait sur l’album avec Joe Lovano : « Ça fait trois ou quatre ans que je ne joue que du bugle parce que la trompette est « no instrument for old men. Le bugle, il y a moins d’hostilité, c’est un instrument plus amical. Pour Chet Baker, c’était le contraire, il trouvait le bugle plus fatigant. Personnellement, je me sens plus à l’aise avec le bugle. En plus, l’instrument que j’utilise est magnifique, c’est le plus beau que j’aie jamais eu. »
Ce « Edizione Speciale » enregistré au Jazz Middelheim est une nouvelle marque de la vitalité du musicien italien, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour se frotter à l’énergie du guitariste Francesco Diodati, comme le prouve l’entrée en matière du concert, « Infant », repris de l’album « Wild Dance » dont il s’inspirera à trois reprises avec « Diva » et « Wild Dance ».
On aime quand Enrico Rava revient à ses « tubes » de la période Label Bleu, et il nous envoûte ici avec deux reprises, « Theme for Jessica » et « Le Solite Cose », mais aussi avec deux standards dont il extrait toute la force dans des improvisations mêlant force et lyrisme, « Once Upon A Summertime » de Michel Legrand, et la chanson cubaine « Quizas Quizas Quizas ».
L’enthousiasme du public ne laisse aucun doute sur l’esprit qui régnait ce soir-là dans le Park Den Brandt.
© Jean-Pierre Goffin
Une collaboration JazzMania / Jazz’halo
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