Emile Parisien Quintet - Sfumato Live in Marciac
E
ACT/Challenge Records
L’album « Sfumato » du saxophoniste français fait partie des plus belles sorties de l’année 2017. La chronique passée à l’époque sur jazzaroundmag.com est à lire ci-dessous.
Cette nouvelle version enregistrée au festival de Marciac en 2017 restera elle aussi tout autant dans les mémoires comme un concert d’exception : le quintet est dans une forme éblouissante et, cerise sur le gâteau, les invités exceptionnels : deux complices d’Emile Parisien, l’accordéoniste Vincent Peirani et le clarinettiste Michel Portal, plus le géant américain de la trompette Wynton Marsalis magistral sur une version époustouflante de « Temptation Rag » de Henry Lodge, un morceau déjà interprété en duo sur « Belle Epoque », un album du saxophoniste avec Vincent Peirani.
De l’album studio sont repris « Préambule », « Poulp », « Arôme de l’Air » et « Balladibiza » dans des versions qui ne font en aucun cas doublon avec les précédentes, bien au contraire puisqu’elles apportent le grain de folie d’une improvisation sans retenue, mais contrôlée de façon impressionnante, du tout grand art !
On trouve aussi les trois volets de « Le Clown Tueur de la Fête Foraine » et deux compositions de Joachim Kühn, « Missing A Page » (repris de « Triple Entente », album en trio avec Daniel Humair et Jean-François Jenny-Clarke) et « Transmitting » (avec Wynton Marsalis comme on l’entend rarement).
Près d’une heure sur CD et l’intégralité du concert sur DVD, histoire de ne pas nourrir d’éternels regrets pour ceux qui n’y étaient pas! Un indispensable témoignage de ce groupe qui fera date autant dans la discographie du saxophoniste que plus largement dans l’histoire du jazz français, ni plus ni moins !
© Jean-Pierre Goffin
line up
Emile Parisien / soprano saxophone
Joachim Kühn / piano
Manu Codjia / guitar
Simon Tailleu / double bass
Mário Costa / drums
Guests:
Wynton Marsalis / trumpet
Vincent Peirani / accordion
Michel Portal / clarinet
Emile Parisien Quintet - Sfumato
ACT MUSIC
Inutile d’enfumer le discours : ceci est sans aucun doute l’album le plus accompli du jeune saxophoniste français, point. Emile Parisien, je l’ai découvert avec son album « Au Revoir Porc-Epic », allusion non dissimulée au célèbre « Good Bye Pork Pie Hat » de Charlie Mingus, et avec l’album suivant « Original Pimpant », avec Julien Touéry au piano, Ivan Gélugne à la contrebasse et Sylvain Darrifourcq à la batterie.
Si aucun des partenaires de ces deux premiers opus ne joue sur le dernier né, « Sfumato », on retrouve toutefois leur nom pour la composition collective enregistrée sur le premier album cité et refaçonnée ici: « Le clown tueur de la fête foraine » qui est une histoire en trois parties où on se laisse emporter par son imagination.
Au quintet de base viennent s’ajouter en toute finesse – comment pouvait-il en être autrement ? – deux partenaires fidèles du saxophoniste, Michel Portal à la clarinette basse et Vincent Peirani à l’accordéon : la conversation est toujours plaisante, mélodique, même si le côté « tueur » du récit transparait par moments.
Mais revenons-en au début : Préambule donne illico le ton de l’album où la mélodie, parfois éludée dans le jeu parfois cérébral d’autres albums du saxophoniste, prend le dessus, on entre directement dans la musique et on est frappé dès la première écoute de la part prise par Manu Codja, dont les « décors » se fondent à merveille dans la musique, une façon de teinter le discours de ses partenaires sans en faire trop; le titre de l’album « Sfumato » – technique de peinture qui floute les contours - prend tout de suite son sens. Quant à Joachim Kühn, si on a l’habitude de l’entendre magnifier tous les projets auxquels il participe, on est une nouvelle fois emballé par son jeu mêlé de lyrisme et d’expressivité, son duo avec Emile Parisien en hommage à Daniel Humair, intervient au mitan de pièces en quintet comme une respiration improvisée aux accents « colemaniens » (la composition en est attribuée au pianiste).
Quant à la paire rythmique composée de Simon Tailleu (qu’on entend sur une production récente de la Sowarex: « Tout Finira Bien » de Gilles Bourgain) et Mario Costa, elle brille par sa discrétion (et, svp, prenez-le comme un compliment) tout en se montrant indispensable, le batteur privilégiant souvent les fûts plutôt que les cymbales.
Après les trois actes du « Clown tueur de la fête foraine », l’album se termine sur une autre pièce en deux parties cette fois, Balladibiza – allusion-hommage à Joachim Kühn et son album « Free Ibiza » ? – délicieusement apaisant.
© Jean-Pierre Goffin (paru sur http://jazzaroundmag.com/)
line up
Emile Parisien / soprano & tenor saxophone
Joachim Kühn / piano
Manu Codjia / guitar
Simon Tailleu / double bass
Mario Costa / drums
Guests:
Michel Portal / bass clarinet
Vincent Peirani / accordion