David Chevallier / Sébastien Boisseau / Christophe Lavergne: Second Life
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Le SonArt / Cristal Records
On avait d'abord découvert le guitariste David Chevallier en trio avec Laurent Dehors, ensuite au sein de Tous Dehors, notamment avec Michel Massot et Michel Debrulle, puis avec le groupe Pyromanes, avec Christophe Monniot et encore Michel Massot.
Après avoir poursuivi des études de guitare classique et avoir abordé le jazz de manière empirique, David Chevallier a fait partie du groupe Eté d'Yves Robert, de Vibracordes en compagnie de Jean-Marie Machado, du Jazz Ensemble de Patrice Caratini ou de Spirit Dance de Christophe Marguet et Yves Rousseau (chroniqué dernièrement).
En parallèle, il a mené une série impressionnante de projets différents, dont plusieurs chroniqués sur jazz'halo ou jazzaround, comme The rest is silence avec la vocaliste Elise Caron sur des poèmes de Cesare Pavese, Gesualdo Variations sur les madrigaux de Carlo Gesualdo, compositeur de la Renaissance qui a aussi inspiré Tino Tracanna, ou Double Dowland autour des compositions de John Dowland (16e-17e siècle). Et, avec David Linx et Christophe Monniot, il a aussi revisité les grands succès de la musique pop-rock, de Lennon à Sting, sur Is it pop music?
Enfin, il a formé un trio très complémentaire, avec, à la contrebasse, Sébastien Boisseau (il a côtoyé Daniel Humair, Matthieu Donarier, Louis Sclavis ou Manu Hermia au sein de l'Orchestra Nazionale della Luna) et, à la batterie, Christophe lavergne (élève de Billy Hart et Adam Nussbaum, il a fait partie de Thôt de Stéphane Payen, Le Gros Cube d'Alban Darche ou Beaux-Arts de Sylvain Rifflet).
Après l'album Standards & Avatars dédié à de grands classiques joués à la guitare électrique, avec une énergie rock, voici Second Life, dix compositions originales consacrées uniquement aux instruments acoustiques: guitare 6 cordes à la ligne claire (Simple par exemple, Slide avec effet bottle neck), guitare à douze cordes à la sonorité limpide (Double, Dodici, Chauffe) ou au banjo à 5 cordes (Naïf, Six).
Des compositions à l'écriture sophistiquée, avec parfois quelques références, comme une composition de Michael Formanek pour la mélodie de Simple, un motif harmonique évoquant l'univers si personnel de Monk sur Naïf ou un petit air brésilien sur Choro, une mélodie dansante qui s'emballe au fur et à mesure.
Le tout avec une alternance entre écriture précise et improvisation libre (Double), sur des mesures fluctuantes (12/8 sur Dodici, 6/8 sur sur Six joué au banjo) et des tempos variés (paisible sur Patience, en forme de chausses-trappes pour Tricky ou en surchauffe sur Chauffe qui clôt l'album)
Tout au long du disque, David Chevallier est en constante interaction avec sa rythmique: vélocité et limpidité mélodique de Sébastien Boisseau (écoutez la longue intro de Slide) et rythmes colorés, notamment avec de petites cymbales, de Christophe Lavergne (solo sur Slide).
Voilà un trio acoustique particulièrement performant.
Claude Loxhay