Das Kapital - Vive la France (cl)
D
Label Bleu
Das Kapital est un trio germano-franco-suédois.
Aux saxophones, l'Allemand Daniel Erdmann qui a aussi enregistré, entre autres, Velvet Revolution avec le violoniste Théo Ceccaldi, West avec le violoncelliste Vincent Courtois, Special relativity avec le saxophoniste Heinz Sauer ou différents albums avec le batteur Christophe Marguet.
A la batterie, le Français Edward Perraud qui a enregistré avec Sylvain Kassap, Henri Texier, Jean-Luc Cappozzo, Thomas De Pourquery et Espaces en trio avec Paul Lay (p) et Bruno Chevillon (cb).
A la guitare, le Suédois Hasse Poulsen qui a enregistré, notamment, C'est ça avec Joëlle Léandre, His life and saying avec Paul Dunmall, Open Fit avec Tom Rainey.
Depuis l'album Ballads and Barricades de 2011, soit Das Kapital plays Hanns Eisler (Erdmann a poursuivi ses études, à Berlin, à la Hochschule fûr musik Hanns Eisler, du nom du compositeur qui a collaboré au théâtre de Berthold Brecht), le trio est devenu une des figures marquantes de la scène européenne.
Après Kind of red de 2015, déjà pour Label Bleu, voici Vive la France, un hommage à la culture française, tant la tradition savante (la musique classique) que la culture populaire (les grands noms de la chanson). Côté musique classique, un éventail du 16e au 19e siècle, avec Antoine de Bertrand du 16e, Lully du 17e, Pancrace Royer du 18e puis, pour le 19e, Ravel (Pavane pour une infante défunte), Bizet (L'Arlésienne) et Satie (Gymnopédie).
Côté chanson, Trenet (La mer), Brassens (Le temps ne fait rien à l'affaire), Brel (Ne me quitte pas), Barbara (Ma plus belle histoire d'amour) mais aussi Claude François (Comme d'habitude) et le Born to be alive de Patrick Hernandez.
Un hommage donc, mais un hommage empreint d'une certaine dérision. En témoigne les textes de pochette: "French rock is like English wine" de Lennon ou "Il n'y a ni mesure ni mélodie dans la musique française" de Rousseau. Mais aussi humour das cette photo intérieure de pochette où les trois compères posent: Hasse Poulsen en Louis XIV, Edward Perraud en Napoléon et Daniel Erdmann en Charles De Gaulle.
Das Kapital propose donc une version décalée (voire déjantée pour L'Arlésienne) de ces compositions. La ligne claire de chaque mélodie est portée, avant tout, par le saxophone tout en douceur d'Erdmann.
Côté classique, le ténor pour Pavane, Le Vertigo de Pancrace Royer, Gymnopédie ou L'Arlésienne; le soprano incisif pour Marche pour la cérémonie des Turcs de Lully et Les deux yeux bruns d'Antoine de Bertrand, avec, en arrière-plan la guitare acoustique (sauf une guitare électrique déchaînée pour L'Arlésienne), avec un jeu tout en mesure d'Edward Perraud (balais sur Pavane, mailloches sur Gymnopédie), le tout sur un tempo plutôt lent qui s'accélère petit à petit (Le Vertigo, L'Arlésienne).
Côté chanson, Erdmann suit au plus près le thème mélodique au ténor (Born to be alive, Comme d'habitude, Ma plus belle histoire d'amour, La mer, Ne me quitte pas avec effets d'archet) ou au soprano à l'unisson avec la guitare acoustique (Le temps ne fait rien à l'affaire).
Un voyage à travers les temps et les styles, toujours avec, en arrière-plan, une pensée politique: "On dit que le rock est mort. On dit que le jazz l'est aussi. On a enterré le socialisme. La liberté a été sécurisée. 68 est en retraite. On nous ordonne de nous divertir. On nous impose d'avoir peur et de se méfier d'autrui. Enfin, ce n'est pas vraiment notre genre." (dossier de presse).
© Denis Rouvre
© Claude Loxhay