Darrifourcq, Hermia, Ceccaldi – Kaijū Eats Cheeseburgers (jpg)
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Full Rhizome
Kaiju, être surnaturel, monstre né de l’imagination du ciné et comics japonais dont Godzilla est la référence suprême.
Et quand Kaiju va manger un cheeseburger, c’est le violoncelle de Valentin Ceccaldi qui rythme son pas pesant, un peu effrayant mais pas trop. Le langage de « Kaiju Eats Chesseburgers » a quelque chose de cinématographique avec cette mise en scène sonore délivrée par les accords déchirés du violoncelle dès les premières secondes de l’album.
Voici donc le deuxième album de ce trio à l’énergie déconcertante quand on ne s’attache qu’à son format : violoncelle-sax-batterie, une configuration dont on attendrait plutôt une musique sage, on est loin du compte. Qui a déjà entendu le premier opus du trio (« God at the Casino » sur le label anglais Babel Label) le savait déjà : on tient ici de fameux agitateurs sonores et rythmiques. Un jazz qui tient d’une énergie rock métal, d’un free jazz maîtrisé par de superbes instrumentistes : Sylvain Darrifourcq, batteur biberonné au classique et au rock avant de se plonger dans le jazz notamment au sein du Quartet d’Emile Parisien – le sémillant « Original Pimpant »; Valentin Ceccaldi, frère de Théo le violoniste, explorateur de sons sur un instrument habituellement très « sage », le violoncelle; Manu Hermia, multi-instrumentiste – flûte, bansuri, sax soprano/alto/ténor – qui pour ce trio embouche le ténor seul.
L’univers de John Zorn n’est pas loin pour ses versants martiaux, le côté chaotique du « Ceramic Dog » de Marc Ribot non plus, la mise en place d’Aka Moon aussi tant ce grand chambardement est incroyablement maîtrisé. Trêve de références, ce trio envoûte par lui-même que ce soit dans les envolées sauvages ou les moments de souffles et de frottements.
Un trio enthousiasmant dont les performances scéniques valent évidemment leur pesant de cheeseburgers.
© Jean-Pierre Goffin
Live 2020:
11.09: Flagey (Bruxelles)
02.10: Chiroux (Liège)