Dal Sasso/Belmondo : "A Love Supreme"
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Jazz&People/Harmonia Mundi
Enregistré en 1965, soit il y a juste cinquante ans, "A Love Supreme" tout en étant un des plus gros succès de vente du jazz, fait aussi office de Pierre de Rosette, de référence absolue dans l’œuvre immense de John Coltrane. Œuvre mystique où le saxophoniste vit une approche divine transcendantale, liée sans doute à une cure de désintoxication sévère, la suite en quatre mouvements fait aujourd’hui partie des incunables du jazz.
Alors, s’y attaquer aujourd’hui pouvait sembler une initiative risquée, voire quelque peu orgueilleuse. Le résultat du travail pour grand orchestre de l’arrangeur français Christophe Dal Sasso et de ses complices Lionel et Stéphane Belmondo est tout simplement époustouflant. Le récitatif d’introduction par la voix grave d’Allonymous reprend la prière écrite par Coltrane avant une introduction composée par Dal Sasso, puis la suite enchaînée des quatre mouvements où les solistes s’appliquent à respecter l’esprit, la force du discours coltranien… et quasi le minutage de l’œuvre originale.
Philippe Soirat, Stéphane Belmondo, Clovis Nicolas et Laurent Fickelson sont totalement imprégnés du quartet d’origine, mais c’est surtout l’orchestration pour treize musiciens (dont Bastien Stil au tuba dans un magnifique solo) qui donne un volume impressionnant à l’oeuvre.
Une galette indispensable dans la pléthore d’œuvres influencées par le génie du saxophone.
Jean-Pierre Goffin