Christophe Wallemme - Ôm Project
C
VLF Production/Bonsaï
Le public belge connaît avant tout Christophe Wallemme au travers des albums qu'il a enregistrés avec David Linx et Diederik Wissels: This Time avec le saxophoniste Tore Brunborg et One heart three voices, avec Maria Pia De Vito et Fay Claassen; Follow the songlines, avec Maria João et The Whistleblowers, avec Paolo Fresu.
Mais le contrebassiste français a aussi côtoyé Tom Harrell, Jacky Terrasson ou Alain Jean-Marie, et aussi fondé Prysm en compagnie du pianiste Pierre de Bethmann et du batteur Benjamin Henocq. Et lui qui a abandonné la guitare de ses débuts, après avoir entendu Scott La Faro, a aussi plusieurs albums personnels à son actif: Time Zone enregistré en septet en 2004, Namaste avec trois saxophonistes (Thomas de Pourquery, Stéphane Guillaume, Matthieu Donarier) et déjà Manu Codjia à la guitare puis Start so many ways, avec Manu Codjia, Jozef Dumoulin et Dré Pallemaerts.
Voici donc son quatrième album personnel.
A ses côtés, Diederik Wissels (piano, Fender Rhodes, electronics) qu'il a croisé avec David Linx mais aussi pour l'album Song of you du pianiste hollandais.
A la guitare, Manu Codjia qu'il a croisé à différentes reprises.
Aux saxophones soprano et ténor, Emile Parisien, bien connu pour son quartet comme pour son duo avec l'accordéoniste Vincent Peirani. Un choix qui n'est pas dû au hasard: Emile Parisien avait déjà invité Codjia pour son album Sfumato, en compagnie de Joachim Kuhn.
Enfin, à la batterie Pierre Alain Tocanier de l'Agathe Jazz Quartet et, aux percussions, particulièrement aux tablas, Prabhu Edouard qui a côtoyé Nguyên Lê, Joachim Kuhn ou Magic Malik et enregistré à son nom Kôlam.
Au répertoire, neuf compositions du leader, une coécrite avec Diederik Wissels (Back to my Öm) et Between the bars d'Elliott Smith.
Tantôt à la basse électrique, tantôt à la contrebasse (notamment sur Kaya, L'instant présent ou Un rêve de Cochin), Christophe Wallemme propose une musique plurielle, à l'image de ce Start so many ways.
D'autant qu'en parallèle à son sextet de base, il invite Ibrahim Maalouf pour un groovy Rock my home, très proche de la période électrique de Miles et, sur trois plages, il accueille la chanteuse suédoise Isabel Sörling qui, après ses études dans son pays natal, a rejoint le Conservatoire de Paris, enregistré l'album Radio One avec la trompettiste Airelle Besson et A Feather from a human à son nom.
L'album s'ouvre sur Back to my Ôm, plage à la mélodie planante dominée par une guitare très rock, sur fond de Fender, ténor, basse électrique et percussions.
Sur Kaya, Between the bars et Epic Love, c'est la voix cristalline et ondoyante d'Isabel Sorling qui s'impose sur fond de piano et guitare.
Sur Ma Kali et Charly, les sonorités électriques de la guitare s'harmonisent tantôt avec la sonorité incisive du soprano, tantôt avec celle du ténor, tandis que sur L'Instant présent, la guitare dialogue avec le piano de Wissels et la contrebasse.
Opus 5 (personnellement ma plage préférée avec Flashback) s'ouvre sur un beau dialogue entre le soprano voltigeur de Parisien et les tablas colorées de Prabhu Edouard, dialogue sur lequel viennent se greffer piano, guitare et batterie. De son côté, Flashback, avec soprano, guitare, Fender et tablas, prend des allures orientalisantes.
Un rêve de Cochin s'ouvre sur un solo de contrebasse bientôt rejoint par le reste du groupe, preuve ultime de la célérité du doigté de Wallemme, ce que montre aussi l'intro voix-contrebasse d'Epic Love.
Un album aux atmosphères contrastées.
Claude Loxhay