Christian Brun - Melodicity
C
WeSeeMusic Records
La petite cinquantaine, le guitariste Christian Brun possède un curriculum vitae que bien des musiciens lui envieraient et qui mérite qu’on s’y attarde, le guitariste étant injustement peu connu dans notre petit pays.
C’est une rencontre avec Tal Farlow qui le fait se tourner vers le jazz tout en entamant et terminant des études d’ingénieur-physicien à Toulouse où il fréquente les clubs de jazz de la ville. Il débute sa carrière de guitariste avec un groupe de fusion qui, excusez du peu, fera les premières parties de Miles Davis, Mike Stern ou Michael Brecker. Entre 1992 et 1995, il se lance dans l’aventure newyorkaise qui le fera jouer et enregistrer avec Tim Armacost, David Kikoski, Lonnie Plaxico, Sonny Fortune et bien d’autres…
A son retour à Paris, il joue avec le gratin du jazz français : les frères Belmondo, Alain Jean-Marie, Simon Goubert, Pierre de Bethman, Christian Escoudé avec qui il forme un duo, Laurent de Wilde etc… Il enregistre son quatrième album personnel avec Baptiste Trotignon. Son intérêt pour tous les styles l’amène à l’électro-jazz où il rencontrera Alex Tassel et Eric Legnini.
Nous le découvrons aujourd’hui à l’occasion de la sortir d’un nouvel album enregistré à Vannes en mai 2015 avec de solides musiciens à ses côtés : le claviériste Damien Argentieri qu’on a entendu aux côtés de Sylvain Beuf notamment, Yoni Zelnik à la basse qu’on a vu il y a peu avec le quartet « Lucky Dog » de Fred Borey et Yoann Loustalot pour un enregistrement live au Pelzer’s Jazz Club à Liège, et qui est surtout connu pour ses collaborations avec Dave Douglas, Géraldine Laurent, Sophie Alour,… A la batterie, Manu Franchi qu’on a aussi vu chez nous avec Matthieu Marthouret. Enfin, le bugliste Alex Tassel - partenaire d’Igor Gehenot sur l’album « Delta » - apparait sur un thème de l’album.
Dix pièces originales de la plume du guitariste composent « Melodicity » dont le titre résume bien l’univers dans lequel navigue Christian Brun : la priorité est donnée à la mélodie, ce qui donne un album faussement « easy listening » car l’ensemble des compositions est fondé sur de solides harmonies, de tranchantes improvisations, des réminiscences bebop où l’influence de Wes Montgomery ressort clairement ; quelques touches soul-pop font quant à elles penser à George Benson et le lyrisme des ballades prend parfois des accents bluesy. Ce mélange d’influences ne nuit en rien à la cohérence de l’album, chaque pièce donnant autant de plaisir à l’écoute que les musiciens en ont eu à jouer une musique qu’on se repasse sans ennui.
Un musicien qu’il est grand temps de découvrir chez nous.
© Jean-Pierre Goffin