Camille-Alban Spreng: ODIL – Réson
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Pianiste et compositeur suisse vivant entre Bruxelles et Lausanne, Camille-Alban Spreng est passé par le Conservatoire de Bruxelles avec Eric Legnini et Kris Defoort comme professeurs. Depuis 2010, il participe et crée divers projets dans des domaines variés tels que le jazz, le rock, la musique improvisée, la performance, le théâtre.
« ODIL » fait partie de ses projets personnels dont il sort le deuxième album après « Something » en 2016. Il y est entouré par des musiciens qui ont chacun un lien avec la Belgique et Bruxelles en particulier. Le pianiste Geoffrey Fiorese (une des particularités de ce projet est d’avoir deux claviéristes qui partagent le piano acoustique, le Fender et les synthés) est français et s’est fait remarquer chez nous par le premier prix du concours XL Jazz en 2014, puis par le prix Toots Thielemans en 2017.
Le saxophoniste irlandais Sam Comerford participe à plusieurs projets belges, ainsi récemment dans « Warm Bad » d’Hendrik Lasure, le quartet de Manolo Cabras et aussi dans « Heptatomic d’Eve Beuvens. Deuxième souffleur de l’ensemble, Tom Bourgeois fait aussi partie du paysage sonore belge depuis plusieurs années: on le retrouve dans « TAB » ou le tentet de Geoffrey Fiorese et dans son récent projet « Murmures » sorti fin 2018. Le batteur Paul Berne passe lui aussi par le Conservatoire flamand de Bruxelles et collabore avec David Linx, Manu Codja ou Christophe Monniot.
Pour ce deuxième opus, « ODIL » invite le violoncelliste Valentin Ceccaldi et Leïla Martial. On connait la singularité de la chanteuse-vocaliste française dont les multiples facettes sont exposées avec pertinence dans cet album. Ainsi autant dans la pièce d’ouverture « Hold Me » que dans le final « The Edge of The Universe », Leïla Martial touche par un chant doux et sensible et déchire par ailleurs avec des envolées plus électriques. Aussi dans le titre éponyme « Reson » qui s’ouvre à petites touches avant l’entrée de la chanteuse qui dynamise l’ensemble avec énergie.
On navigue sans arrêt dans des univers qui touchent à la musique contemporaine, au folk ou au jazz ( le côté workshop à la Charlie Mingus est sensible dans plusieurs passages de saxophones/basse clarinette), le tout parsemé de touches d’onirisme, de dérision, voire d’humour qui rompent quelque peu le côté « musique sérieuse » de l’ensemble. Car l’album s’écoute du début à la fin avec autant de plaisir, jamais on ne lâche prise, et même, on se le repasse avec autant d’enthousiasme qu’à la première écoute.
© Jean-Pierre Goffin