Benjamin Sauzereau - solo
B
~= suite
Voilà déjà quelques années que le guitariste français Benjamin Sauzereau fait partie du paysage sonore belge.
L’album «Mount Meru» avec Niels Van Heertum, Lander Gyselinck…, mais aussi et surtout l’ «Heptatomic» d’Eve Beuvens, véritable surprise du Gaume Jazz Festival tant la pianiste avait avec conviction mêlé son lyrisme naturel avec les envolées libertaires d’un workshop à la Charlie Mingus ; les qualités de ce septet étaient apparues tout aussi évidentes dans le cd paru sur le label IGLOO.
De façon plus personnelle, le guitariste a nourri de ses compositions originales le superbe projet «Les Chroniques de l’Inutile» autour de Pierre Bernard, Erik Bogaerts, Gregor Siedl, Lennart Heyndels, Eric Bribosia et Jens Bouttery, ou «Philémon Le Chien qui ne Voulait pas Grandir». Benjamin Sauzereau sort maintenant son premier album en solo : avec sa couverture noire mat et l’inscription en lettres dorées du nom du guitariste, l’objet dénote déjà une volonté de s’écarter du traditionnel boitier en plastique ; avec ce design « classe », on voit bien là la marque d’un bijoutier-orfèvre qui affirme une personnalité peu commune, impression confirmée par le sobre dépliant avec son texte qui traverse la feuille dans de simples méandres. Epuré, tout comme la musique du guitariste.
L’album s’ouvre sur «Subterfuge» à la guitare acoustique, belle composition dont l’inspiration viendrait bien du regretté Pierre Van Dormael, la miniature «Clou» joue sur les frottements de cordes, et «L’Habitude» apparait comme un souvenir d’études d’académie avant de partir en improvisation. «Harry Lime» mêle les arpèges et le sifflement du guitariste. Avec «Rivage», on change totalement d’atmosphère : guitare électrique et effets vaporeux créent un paysage nouveau, tout en douceur et rêverie. Poésie et lyrisme sont d’ailleurs présents dans toutes les compositions, l’électrique et déjanté «Imminent» faisant office de trouble-fête dans l’univers inspiré de Benjamin Sauzereau.
Un album à l’austérité formelle, mais qui sur chaque pièce délivre de beaux moments de plaisir, parfois enjoués, qui charment l’auditeur sur les onze compositions/improvisations de l’album.
© Jean-Pierre Goffin