Bebo Ferra / Paolino Dalla Porta / Fabrizio Sferra feat. Gianluca Petrella - Frames of Crimson
B
Jando Music/Via Veneto
Le public belge connaît surtout Bebo Ferra et Paolino Dalla Porta comme étant le guitariste et le contrebassiste du Devil Quartet de Paolo Fresu (concerts lors d'un Jazz Brugge et de Jazz à Liège, albums Stanley Music et Desertico), mais tous deux ont enregistré plusieurs albums à leur nom.
L'album Bagatelle (label EGEA) permet de les écouter en dialogue acoustique, tandis que Isole les présente en quartet avec Paul Mc Candless, le saxophoniste du groupe Oregon, et avec le percussionniste Fulvio Maras, pour une musique intimiste.
Paolino Dalla Porta, sideman du saxophoniste Tino Tracanna, de la chanteuse Tiziana Ghiglioni ou du pianiste Stefano Battaglia et membre de Nexus, la formation du saxophoniste Daniele Cavallanti et du batteur Tiziano Tononi, est l'un des meilleurs contrebassistes italiens. Il a également enregistré La Ballata di Domenica, avec le pianiste Antonello Salis et, de nouveau, avec Paul Mc Candless et Bebo Ferra.
A l'image du trompettiste français Médéric Collignon, les voici dans un hommage au groupe britannique de rock progressif King Crimson, qui, sous la férule du guitariste Robert Fripp, mêlait chansons et plages instrumentales.
Aux côtés des deux complices, à la batterie, on retrouve Fabrizio Sferra, qui a longtemps fait partie du trio "italien" d'Enrico Pieranunzi (albums Triologue, Trioscape) mais a aussi joué avec Antonello Salis, Pietro Tonolo (ts), Rita Marcotulli (p) ou Enrico Rava (album Full of life).
Enfin, en invité sur 6 des 9 plages, Gianluca Petrella, le turbulent tromboniste du quintet d'Enrico Rava (album Wild Dance) et qui avait déjà enregistré avec Ferra et Dalla Porta (Il Bagno Turco).
Pour Frames of Crimson, Ferra et Dalla Porta ont repris 5 titres du groupe fondé en 1969, des compositions souvent collectives, avec comme principaux auteurs Robert Fripp et le saxophoniste Mc Donnald, soit Frame by frame, I talk to the wind, In the court of Crimson King, Catfood et Moonchild, auxquelles se joignent Aliseo de Ferra, Zephyr de Dalla Porta, Khamsin de Sferra et une composition collective (Mistral).
L'album s'ouvre en fanfare, avec Frame by frame: sur un ostinato obsédant de guitare électrique, le thème très dansant est exposé par le trombone pétaradant de Petrella, avec en prime un beau solo. Suit, avec une belle alternance de climats, I talk to the wind, belle mélodie exposée au trombone avec sourdine et ponctuée par la sonorité limpide de la guitare. Aliseo, joué en trio, débute par une belle intro de contrebasse, avec une guitare acoustique à la ligne fluide et cristalline. On retrouve le trombone du pétulant Petrella sur la plage suivante, avec ostinato de la contrebasse et sonorité éclatante de la guitare électrique. Suit une nouvelle ballade, avec guitare et contrebasse jouée à l'archet, avant un beau solo de Dalla Porta. Sur Catfood, on retrouve le trombone et la guitare électrique dans une énergie rock débordante. Moonchild revient à un tempo beaucoup plus serein avec une belle ligne de contrebasse. Khamsin baigne, pour sa part, dans une atmosphère mystérieuse, avec trombone, contrebasse à l'archet et sonorités de la guitare électrique en écho. Mistral clôt l'album en trio autour d'une guitare jouée avec effets.
Dans une belle alternance entre thèmes enlevés, sous la pulsion de Sferra, avec le trombone pétaradant de Petrella et la guitare électrique de Ferra et ballades beaucoup plus acoustiques, avec la contrebasse lumineuse de Dalla Porta et la guitare aux lignes fluides de Ferra, ce Frames of Crimson s'impose comme l'un des albums phares de l'été qui s'annonce.
Claude Loxhay