Baron, De Looze & Verheyen - MiXMONK
B
Universal Music
Joey Baron – Bram De Looze – Robin Verheyen, voilà un line-up qui résonne déjà à nos oreilles comme une référence de taille.
Commençons par le plus jeune, Bram De Looze : fondateur avec Anneleen Boehme et Lander Gyselinck du LabTrio, il parcourt l’Europe avec ce trio révélé à l’audience internationale par le Tremplin Jazz d’Avignon en 2011 qui leur permet d’enregistrer un premier album au célèbre studio La Buissone de Pernes-les-Fontaines. Leur album sorti en 2017 « Nature City » reste mon coup de cœur de cette année prolifique en sorties de qualité.
Robin Verheyen : que de chemin parcouru depuis les concerts de « Vivaces » avec Pierre Van Dormael ! Séjour à New York où il rencontre la crème de la Grosse Pommes, notamment le pianiste Marc Copland avec qui il enregistre « When The Birds Leave » accompagné par Drew Gress et Billy Hart. Sans oublier l’aventure plus rock de « Taxi Wars » avec Tom Barman, Nic Thys et Antoine Pierre.
Joey Baron est de toutes les expériences musicales de John Zorn, de « Masada » à « Moonchild », cet ovni délirant aux côtés de Trevor Dunn et Mike Patton, en passant par le velouté de son accompagnement chez Marc Copland ou récemment Jakob Brö. Plus universaliste que Joey Baron, difficile de trouver, plus souriant aussi.
Ces trois-là se retrouvent ici pour saluer Thelonious Monk et le croiser avec leurs nouvelles compositions – trois de Robin, une de Bram et une cinquième écrite à quatre mains judicieusement intitulée « Fifty Fifty ».
A l’instar d’un Jason Moran qui recrée le concert de Town Hall, ou de Laurent de Wilde sur « New Monk » qui relit les harmonies et les tempos, « MiXMONK » fête célèbre le centenaire de la naissance de Monk en se saisissant de cinq pièces du pianiste dont certaines parmi les moins connues pour extraire le pur jus de la mélodie : « Oska T », « Boo Boo’s Birthday », « Monk’s Mood », « Ugly Beauty » et « Bye-Ya » mettent surtout en avant le croisement entre les trois solistes, avec ce sens du placement, de la surprise, mais aussi du lyrisme sans la moindre miévrerie.
Confronter ses propres compositions à l’univers monkien pourrait sembler audacieux, mais la maîtrise de la composition dont fait preuve Bram De Looze sur « Mind Mirror » est soufflante. Suivent deux compositions du saxophoniste à la structure plus contemporaine même si « Dance » claudique « à la Monk » sur quelques mesures du départ, le tout est à la fois savant et passionnant, recherché et évident. Dans les interventions du pianiste sur « Ugly Beauty » on saisit combien l’univers de Monk – mais aussi d’Ellington – se raccroche au jazz contemporain. Le bondissant « Bye-Ya » mené par le soprano de Robin Verheyen clôt l’album dans l’effervescence avec Joey Baron se libérant sur les caisses avec une joie qu’on partage.
De « Oska T » à « Bye-Ya », on savoure l’empathie entre ces trois-là : faut-il mettre en avant les surprises que nous réserve Bram ? L’oscillation perpétuelle des saxes de Robin ? Le velouté du jeu de Joey ? Non, ces trois artistes ne font qu’un tout au service de la musique de Thelonious.
© Jean-Pierre Goffin
Chronique aussi publié par jazzaroundmag
Line up:
Joey Baron, batterie
Bram de Looze, piano
Robin Verheyen, saxophones
En concert 2019:
le 23 mars à BOZAR
le 29 mars au Handelsbeurs de Gand
le 31 mars au CC De Ververij à Ronse.
le 7 avril au KAAP à Ostende
le 25 avril au Singel à Anvers.