Andy Emler (feat. Marc Ducret) - Running backwards
A
Label La Buissonne
Andy Emler est une figure emblématique de la scène française: pianiste et compositeur, il est le leader, depuis 1989, d'une des formations majeures de l'Hexagone, le MegaOctet (albums Obsession 3, E Total, Crouch Touch Engage, Présences d'Esprit). Il a aussi enregistré en solo (For better times) et en trio, avec la rythmique du MegaOctet, soit le contrebassiste Claude Tchamitchian et le batteur Eric Echampard, et a côtoyé des musiciens tels que Dave Liebman, Michel Portal ou Antoine Hervé.
Le voici en quartet, toujours avec Claude Tchamitchian et Eric Echampard, et avec le guitariste Marc Ducret, un musicien qu'il a croisé à plusieurs reprises: en quintet avec le trompettiste François Chassagnite (Lightnin' en 1985), au sein du premier ONJ, dirigé alors par François Jeanneau, en 1986 et, en tant qu'invité du MegaOctet, pour l'album Dreams in tune.
Créé en juin 2016 à Radio France puis enregistré en novembre, avec Gérard de Haro comme ingénieur du son, dans les studios de La Buissonne, le répertoire de ce nouveau projet a été écrit autour d'un thème de réflexion bien précis: "Le titre Running backwards est inspiré par un constat négatif et une vision pessimiste des comportements humains... Cette évidente sensation que l'humanité régresse" (A. Emler). D'où ces titres, souvent teintés d'humour, une des constantes chez le compositeur (Lève toi et...Marc, Watch your back, Darwin...I mean).
Les sept compositions de l'album reflètent parfaitement l'originalité de l'écriture d'Andy Emler: une écriture facilement identifiable, un mélange entre jazz, musique dite contemporaine et rock progressif (notamment sensible ici dans les parties de guitare électrique). Les compositions Running backwards et Lève toi et...Marc sont typiques de cette écriture faite de motifs répétitifs qui s'emballent comme de véritables tourbillons, avec une forte présence de la rythmique et souvent avec des ruptures de rythmes et d'atmosphères (Marche dans l'autre sens). Parfois le torrent s'apaise comme dans Sad and beautiful qui s'ouvre sur un duo intimiste entre piano et guitare, avant que contrebasse et batterie ne se joignent au dialogue. Chaque plage laisse, à chacun, une place importante à l'improvisation, comme dans cette longue intro de guitare de Sphynx 2, qui débouche ensuite sur un tourbillon effréné du trio, mais aussi celle de cymbales (Turn around and don't look back) qui introduit un beau dialogue entre piano et guitare ou l'intro de contrebasse de Watch your back, Darwin.
Une musique intensément bouillonnante et passionnante.
Claude Loxhay